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En l'absence de nature

Jouer dans la nature (Photo de Cathy Shaluk)

Jouer dans la nature (Photo de Cathy Shaluk)

par Hai Lin Wang, stagiaire en communications à CNC

À l’université, j’ai bien connu le sentiment d’être isolée.

C’est la semaine des examens de fin de session et j’étudie depuis des jours, soit à la bibliothèque, soit à la résidence. Assise au milieu de mes documents et de mes notes de cours, entre les quatre murs de ma chambre, je commence à me sentir agitée. Quand ça m’arrive, j’essaie toujours d’aller marcher à l’extérieur. Même sur le campus encombré de mon université au centre-ville de Toronto, la simple vue de la verdure et la chaleur du soleil me revigorent instantanément.

C’est un fait : rester à l’intérieur pendant de longues heures peut faire perdre la tête à n’importe qui, sans compter que les rudes hivers canadiens nous poussent à rester dans la chaleur de notre foyer. Le fait d’interagir avec la nature au parc du quartier aide sans aucun doute à se sentir mieux, mais rien ne vaut une promenade en forêt où l’on marche sur des feuilles mortes en se laissant imprégner par la quiétude des lieux. Profiter de la nature constituait autrefois une activité courante, tant pour les adultes que pour les enfants. Pourquoi y passe-t-on moins de temps maintenant qu’avant?

Dans notre mode de vie actuel, nos activités quotidiennes se résument à passer nos journées dans des pièces à l’éclairage artificiel; les espaces verts autour de nous sont restreints, voire inexistants, ce qui limite nos contacts autrefois fréquents avec la nature. En 2009, le journaliste Richard Louv a donné à ce phénomène moderne le nom de « syndrome du manque de nature ».

Bien que la Classification internationale des maladies ne le considère pas comme un trouble médical, le syndrome du manque de nature comporte un éventail d’affections néfastes et abondamment étudiées pouvant se manifester lorsque l’on ne passe pas suffisamment de temps au grand air.

Un jardin mural ajoute vie et couleur à n'importe quelle pièce (Photo de Wikimedia Commons)

Un jardin mural ajoute vie et couleur à n'importe quelle pièce (Photo de Wikimedia Commons)

Le réputé biologiste américain E. O. Wilson a affirmé que la nature est au cœur de notre bien-être esthétique, intellectuel, cognitif et même spirituel. Il a émis l’hypothèse que les humains portent en eux une « biophilie » intrinsèque, soit un besoin naturel de cataloguer et de comprendre les autres espèces, et d’interagir avec elles. C’est ce qui explique qu’une pièce vide paraisse mieux si on y place des plantes en pot et que les jardins verticaux donnent vie aux murs blancs.

En négligeant nos besoins biophiles, par exemple en réduisant nos interactions avec la nature ou en craignant de nous salir, nous risquons de sombrer dans une humeur maussade et de voir notre concentration diminuer, ce qui nuit à la productivité.

Les enfants qui grandissent sans accès à des espaces naturels pourraient plus tard payer le prix d’une telle dissociation de la nature. Les enfants de l’ère moderne dont les parents craignent la saleté et les maladies qui pourraient être attrapées en plein air risquent de s’intéresser davantage aux Pokémon qu’aux espèces présentes dans leur arrière-cour ou leur voisinage, comme l’ont souligné des chercheurs.

Le manque d’exposition à la nature a donné naissance à un autre problème : un déficit de connaissances sur la nature. Une personne sans connaissances sur la nature ni attachement aux autres espèces ne peut pas appuyer un avenir de conservation, et encore moins en comprendre la nécessité.

Les interactions directes avec la nature sont nécessaires tant pour les adultes que pour les enfants. La découverte du monde naturel qui nous entoure satisfait nos besoins biophiles et nous permet de profiter d’un moment de loisir libre, ce qui mène à une meilleure santé mentale.

Pour bon nombre d’entre nous qui vivons en milieu urbain, il peut être difficile d’avoir accès à des espaces naturels situés en dehors de la ville. Le programme ActiveDays de Parkbus, qui vise à rendre la nature accessible aux citadins, offre des activités de plein air à des prix abordables tout en aidant les amoureux de la nature à tisser entre eux des liens d’amitié et à bâtir une communauté.

La récente collaboration entre Parkbus et le programme Bénévoles pour la conservation de Conservation de la nature Canada (CNC) a permis à des Torontois de participer activement à des travaux de conservation et de les sensibiliser aux espèces indigènes essentielles aux écosystèmes du Canada. Plus les gens réalisent l’importance de profiter du plein air, plus ils pourront redonner à la nature une place dans leur quotidien.

En tant qu’êtres biologiques, nous faisons partie de la nature; pourquoi nous privons-nous volontairement de l’environnement qui a façonné notre identité? Il est temps de retourner dehors.

Lien d'intérêt (en anglais)

Étude comparant l'identification d'espèces sauvages et de Pokémons chez les enfants

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