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Territoire du Traité no 4, La vallée de la rivière Qu'appelle, Sask. (Photo de Dane Roy)

Territoire du Traité no 4, La vallée de la rivière Qu'appelle, Sask. (Photo de Dane Roy)

Liés au territoire

L’Alliance pour l’éducation du Traité no 4 (Photo de Dane Roy)

L’Alliance pour l’éducation du Traité no 4 (Photo de Dane Roy)

Par Michelle Brass

Par un matin frais d’automne, dans le sud-est de la Saskatchewan, la vallée de la rivière Qu’appelle est splendide et sereine. Ce site traditionnel de rassemblement représente le cœur du territoire du Traité no 4. Ce traité, signé en 1874 entre la Couronne et des nations autochtones, est un des 11 traités numérotés qui dressent les grandes lignes de l’entente visant à partager le territoire et à vivre en partenariat « aussi longtemps que le Soleil se lèvera et que les rivières couleront. »

Cette référence au territoire n’est pas un hasard, car pour les peuples autochtones, le territoire est à la source de tout. « Valeurs, langues et culture sont indissociables du territoire », affirme Darryl Chamakese, facilitateur linguistique de l’Alliance pour l’éducation du Traité no 4 (Treaty 4 Education Alliance), en se tournant vers les collines ondoyantes de la vallée. « J’aimerais même que “ Éducation sur le terrain ”, soit remplacé par “ Enseignements de la Terre mère ”, ou par “ Marcher la Terre mère ”, pour traduire le lien étroit que nous entretenons tous avec la Terre. »

Darryl Chamakese et son fils (Photo de Dane Roy)

Darryl Chamakese et son fils (Photo de Dane Roy)

Ce lien a été rompu quand, après la signature des traités, le Canada a déplacé de force plusieurs peuples autochtones de leurs territoires. Les impacts de ces mesures sur les communautés autochtones, et sur les écosystèmes, ont été ressentis à travers le pays. Par exemple, après plus d’un siècle de développement agricole et urbain et d’exploitation des ressources, seulement 20 % de l’habitat indigène des prairies subsiste aujourd’hui en Saskatchewan, ce qui rend les efforts de conservation cruciaux et urgents.

Cette urgence de conserver des habitats en déclin rapide, et de raviver les langues autochtones et l’enseignement culturel liés à ces territoires, est une des raisons pour lesquelles Conservation de la nature Canada (CNC) a contacté l’Alliance pour l’éducation du Traité no 4, selon Jennifer McKillop, vice-présidente régionale par intérim de CNC Saskatchewan.

« Ceci est né du constat que nous sommes une organisation qui se consacre principalement à la conservation des terres, mais qui jusque-là avait établi peu de partenariats avec des peuples autochtones en Saskatchewan. Comment pouvons-nous être une organisation qui concentre ses efforts sur le territoire, sans travailler de concert avec les communautés autochtones qui en sont les gardiens immémoriaux ? »

Offert en partenariat par l’Alliance pour l’éducation du Traité no 4 et CNC, Learning the Land (Apprendre le territoire) est un projet éducatif qui amène des élèves à améliorer leurs connaissances des habitats naturels et des espèces en péril. Cela se fait par l’entremise d’activités menées en classe (recherches et productions artistiques) et à l’extérieur (promenade à la découverte de plantes médicinales et visite de sites culturels significatifs qui peuvent se trouver sur des réserves ou sur des propriétés de CNC).

Le partenariat de CNC avec l’Alliance pour l’éducation du Traité no 4 a été tout naturel, puisque les éducateurs autochtones souhaitaient déjà voir les élèves revenir sur le territoire pour raviver leurs liens à celui-ci.

« Nous avons toujours constaté que les élèves étaient avides des projets éducatifs que nous avons menés sur le terrain. Ils en veulent plus, ils aiment ça et ils en retirent beaucoup », dit Scott Fulton, consultant pour Learning the Land de l’Alliance pour l’éducation du Traité no 4. « Nous espérons que de tels projets contribueront à renforcer l’éducation sur le territoire, la conservation des prairies indigènes et la revitalisation des langues au sein des écoles et des communautés du Traité no 4. »

Jennifer McKillop croit à la réussite de ce projet : « Le volet éducatif et les relations qui se créent sont ce qui rapportera le plus pour tous à long terme. Voilà le véritable enjeu. »

Établir des relations

En Ontario, Esme Batten abonde dans le même sens. Elle a passé des années à établir des relations avec les membres de la Première Nation non cédée des Chippewas de Nawash et celle de Saugeen, qui forment ensemble la Nation Saugeen Ojibway. À titre de coordonnatrice de la biologie de la conservation dans la péninsule Saugeen Bruce, Mme Batten affirme que ces relations, et les partenariats qui en découlent naturellement, sont essentiels à son travail et aux efforts de conservation de CNC.

« Si nous ne travaillons pas de concert avec les communautés autochtones, nous passons à côté d’un élément essentiel de la conservation, selon Mme Batten. Sans leurs précieux savoirs millénaires, nous ne pourrions en faire autant et il nous faudrait plus de ressources pour arriver là où les peuples autochtones sont déjà. »

CNC et la Nation Saugeen Ojibway partagent leurs connaissances et leur expertise pour dresser un inventaire d’espèces significatives d’un point de vue culturel, de plantes médicinales, d’espèces en péril et d’espèces envahissantes dans la région. Intégrer des savoirs traditionnels fournit une connaissance approfondie qui contribue à une planification de la gestion plus efficace, dit Mme Batten.

Des aînés comme Francis Bird sont d’importants collaborateurs qui partagent leurs connaissances dans le cadre de l’Alliance pour l’éducation du Traité no 4. (Photo de Dane Roy)

Des aînés comme Francis Bird sont d’importants collaborateurs qui partagent leurs connaissances dans le cadre de l’Alliance pour l’éducation du Traité no 4. (Photo de Dane Roy)

« Nous pouvons comparer nos informations avec celles des aînés. S’ils disent qu’une espèce végétale était très commune et que, par exemple, nous n’en avons documenté que 30 plants dans un milieu donné, alors qu’eux se souviennent qu’il y en avait des centaines, voilà une information critique pour savoir ce qu’il advient de l’espèce sur ce territoire. »

Comprendre ce qui se passe sur le territoire est une des principales raisons pour lesquelles la Nation Saugeen Ojibway a établi un partenariat avec CNC, dit Doran Ritchie, coordonnateur de la planification des infrastructures au bureau de l’environnement de la Nation Saugeen Ojibway.

Selon lui, « C’est un exercice en autorité juridictionnelle. La Nation Saugeen Ojibway a le droit d’avoir son mot à dire et de donner son consentement sur ce qui se passe sur son territoire. C’est généralement un défi pour les promoteurs et le Gouvernement de comprendre ce que cela implique. Une organisation comme CNC est un peu plus ouverte sur comment cela se traduit en regard de ce qu’elle essaie elle-même de faire. Au bout du compte, nous essayons tous les deux de protéger ces milieux. »

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