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Le sentier du bonheur

John Zelenski (Photo de Jessica Deeks)

John Zelenski (Photo de Jessica Deeks)

John Zelenski a fait de l’étude du bonheur sa profession. Aux côtés de son équipe de recherche, il tente d’éclaircir la façon dont notre rapport avec la nature est lié au bonheur et aux comportements respectueux de l’environnement.

« Je crois que beaucoup de gens reconnaissent à quel point la nature est merveilleuse », affirme John Zelenski, professeur de psychologie et directeur du Happiness Laboratory de l’Université Carleton, à Ottawa. « C’est bien que des sciences sociales fournissent des statistiques qui révèlent que les personnes étroitement connectées à la nature ont tendance à être plus heureuses. »

Les recherches du professeur Zelenski ont démontré que de vivre près d’espaces verts ou près de l’eau rend les gens plus heureux. Ils ont une plus grande satisfaction vis-à-vis du lieu qu’ils habitent et ils sont même en meilleure santé. Le rapport à la nature (nature relatedness), qui définit le degré de proximité d’une personne avec le monde naturel, influence son attitude envers l’environnement ainsi que ses comportements futurs. Par exemple, si une personne se sent très près de la nature, elle sera plus susceptible de faire un don à un organisme à vocation environnementale ou de faire des choix aux retombées plus durables. Des recherches quantitatives, comme celles du professeur Zelenski, permettent ainsi aux décideurs politiques d’attribuer plus facilement des ressources à la protection de la nature.

« Nous avons mené une étude auprès d’enfants de la 4e à la 6 e année du primaire : nous les avons emmenés en excursion, lors de deux journées différentes. Nous avons découvert que les enfants qui ont passé la journée à faire l’école en forêt (au lieu de visiter un musée de l’aviation) ressentaient un lien avec la nature qui semblait se traduire par une empathie envers le monde naturel et les animaux, un désir de protéger davantage la nature et des comportements plus axés sur la coopération et la sociabilité. »

Lorsqu’on lui demande si ces constats s’appliquent aussi à sa vie, John Zelenski évoque son enfance dans le Wisconsin (É.-U.), où il vivait tout près d’une rivière et où il a eu la liberté d’explorer la nature dès son plus jeune âge. « Ma famille avait l’habitude d’aller en vacances dans le nord du Wisconsin. Je passais des heures au bout du quai, penché au-dessus de l’eau, à tenter de faire sortir les écrevisses de sous leurs roches pour pouvoir mieux les observer », dit-il en riant.

Depuis son enfance qu’il portait un intérêt pour l’ornithologie. « Puis, il y a environ 10 ans, quand j’ai commencé à penser que j’allais devenir vieux et ennuyant, l’ornithologie m’est apparue comme un bon passe-temps », explique-t-il. « La première étape a été de suspendre une mangeoire. J’ai commencé par apprendre à identifier les mésanges, puis les cardinaux, les sittelles... C’est un exemple qui illustre bien comment on peut améliorer notre rapport à la nature en commençant par de petits gestes », confie-t-il.

« Je ne sais pas si ça s’applique à tout le monde, mais lorsqu’on commence à goûter aux merveilles [de la nature], on apprend de nouvelles choses, puis l’envie d’en savoir encore plus nous prend », partage John Zelenski. Le conseil qu’il offre à quiconque souhaite se rapprocher de la nature est d’observer avant tout la nature qui l’entoure, que ce soit dans un parc, un jardin ou le long des trottoirs. Accorder une attention méditative à la nature environnante peut étonnamment entraîner des résultats immédiats. « Il s’agit parfois simplement de voir, d’entendre ou même de sentir la nature et de se dire : quelle merveille! », ajoute-t-il.

Vers la fin de 2020, Ipsos a mené un sondage pour Conservation de la nature Canada qui a révélé que 94 % des gens mentionnent la nature comme moyen de les soulager du stress et de l’anxiété causés par la pandémie. Plus de 85 % des personnes sondées ont affirmé que l’accès à la nature avait été crucial au maintien de leur santé mentale. Les perspectives offertes par les recherches du professeur Zelenski pourraient aider à comprendre pourquoi les gens se sentent ainsi.

Mais est-ce que la nature est un « sentier du bonheur » qui mène à la durabilité? Voilà une question à laquelle John Zelenski et son équipe souhaitent répondre. Ils ont établi un partenariat avec un organisme à but non lucratif pour réaliser un nouveau projet. Les personnes qui y participent doivent analyser l’eau de plans aquatiques environnants, entre autres la visibilité, la température et le pH de l’eau, puis téléverser leurs observations sur une plateforme en ligne. L’objectif est d’encourager les gens à s’aventurer dans la nature et de générer chez eux un sentiment de contribution à la science participative, pour voir s’ils se sentent ainsi plus proches de la nature, plus heureux et plus motivés à en faire plus pour la nature.

Le professeur Zelenski affirme qu’il est encore trop tôt pour se prononcer, mais les résultats de l’étude pourraient montrer que le cycle peut s’amorcer en aidant la nature. « Nous voulons voir si le fait de demander aux gens de poser un bon geste pour la nature les aide en retour à être heureux. Tout comme le fait d’aider les autres provoque généralement des sentiments de bonheur et d’accomplissement, le fait d’aider la nature pourrait décupler le bonheur des gens et générer chez eux des attitudes positives envers le monde naturel. »

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