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Un cadeau pour les prairies

Tamara Carter évalue l’état du troupeau du ranch familial, Sask. (Photo de Rachelle Hodgins)

Tamara Carter évalue l’état du troupeau du ranch familial, Sask. (Photo de Rachelle Hodgins)

Grâce à la Weston Family Prairie Grasslands Initiative, les personnes qui exploitent un ranch peuvent jouer un rôle essentiel dans la conservation des dernières prairies indigènes.

Par Julie Barnes, rédactrice-réviseure pigiste

C'est dans le froid vivifiant d’un après-midi de décembre que j’arrive au ranch de la famille Carter, dans le sud-ouest de la Saskatchewan. À première vue, c’est un paysage hivernal austère, couvert d’une couche de neige fraîche marquée seulement par les traces d’un lapin de Nuttall.

En y passant un peu de temps, il devient évident que cette terre regorge d’une biodiversité remarquable, tant à sa surface que dans son sol riche en minéraux. Et la famille Carter a l’intention qu’il en demeure ainsi.

Après 3 kilomètres parcourus sur le chemin menant au ranch, on aperçoit quelques-uns des 250 bovins Black Angus des Carter, dont la couleur contraste grandement avec la toile de fond blanche. La propriété familiale se trouve tout de suite après, perchée sur la crête d’une colline et entourée de peuplements majestueux de conifères, de frênes rouges et d’érables à Giguère.

Tamara et Russ Carter sont les gardiens de ces 2800 hectares de prairies indigènes, acquis en 1996, où ils ont élevé leurs enfants. Les racines des Carter y sont toutefois bien plus profondes, car la famille de Russ y pratique l’agriculture et l’élevage depuis plus de 100 ans.

Ici, un réseau composé de microorganismes du sol, d’insectes, de plantes, d’animaux sauvages, de bétail et d’humains travaille en harmonie au maintien d’écosystèmes de prairie sains et résilients. «C’est à la fois un cadeau et un privilège, déclare Tamara. Prendre soin de la terre est une énorme responsabilité que je ne prends pas à la légère.»

C’est l’expérience de Tamara Carter en tant qu’éleveuse qui en a fait la personne toute désignée pour le poste de directrice de la conservation des prairies à Conservation de la nature Canada (CNC). À ce titre, elle développe et dirige depuis deux ans la Weston Family Prairie Grasslands Initiative, le plus important investissement jamais réalisé pour l’intendance des prairies du Canada. Bien que Tamara s’apprête à passer le relais, elle a fermement engagé le projet sur la voie du succès.

Lancé en 2021, le Programme d’investissement dans l’intendance (Stewardship Investment Program) est une collaboration de quatre ans financée par la Weston Family Prairie Grasslands Initiative et conçue pour protéger et conserver les prairies indigènes de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba. Pour en augmenter la portée et l’impact, CNC s’est associé à quatre organismes : Canards Illimités Canada, la Société protectrice du patrimoine écologique du Manitoba, la Southern Alberta Land Trust Society et la Western Sky Land Trust.

Les propriétaires de ranch peuvent jouer un rôle essentiel dans la conservation des prairies indigènes restantes au Canada (Photo de Rachelle Hodgins)

Les propriétaires de ranch peuvent jouer un rôle essentiel dans la conservation des prairies indigènes restantes au Canada (Photo de Rachelle Hodgins)

Avec ces partenaires, CNC offre jusqu’à 830 subventions pour soutenir les travaux visant à préserver et rehausser la biodiversité sur 1,4 million d’hectares de prairies dans les provinces des Prairies, et ce, grâce à la générosité de la Fondation de la famille Weston et son portefeuille de terres saines, qui vise à restaurer et protéger la biodiversité en milieux sauvages, agricoles et urbains. Ainsi, les propriétaires fonciers qui répondent aux critères d’admissibilité peuvent demander à CNC une subvention d’un maximum de 10 000 $ pour financer des projets visant à protéger leurs prairies et les espèces qui en dépendent.

Ce financement arrive à point nommé, car les personnes qui exploitent des ranchs subissent une pression financière accrue en raison de la hausse rapide du coût des engrais, du carburant, de la nourriture pour les bêtes et des équipements.

« Tout augmente, sauf ce qu’on nous paye pour notre bétail. Le prix de détail n’est pas du tout représentatif de la somme que nous recevons.» Les propriétaires fonciers peuvent gagner plus d’argent en convertissant leurs prairies pour y faire pousser des cultures de grande valeur comme le canola, le blé ou les lentilles. «C’est très tentant quand le bétail ne rapporte pas assez », explique Tamara. Puisque la majeure partie des prairies qui subsistent au Canada appartiennent ou sont gérée par des éleveuses et éleveurs de bovins, des gens comme Tamara jouent un rôle crucial dans leur sauvegarde.

Comme administratrice du Programme d’investissement dans l’intendance, elle a fait office d’intermédiaire entre le milieu de la conservation et les propriétaires de ranchs. « J’ai moi-même appris des choses sur la conservation grâce à CNC, et maintenant je transmets une partie de ces connaissances avec mes pairs en leur disant : “Hé! Voici ce que vous pouvez faire grâce à un partenariat avec CNC”».

Cet article est tiré du numéro Printemps 2023 du Magazine Conservation de la nature Canada. Cliquez ici pour savoir comment recevoir notre magazine.

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