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Linaire à feuilles larges (Photo de CNC)

Linaire à feuilles larges (Photo de CNC)

De petits alliés contre une espèce envahissante

Un charançon perceur de tiges lutte contre la linaire à feuilles larges sur une propriété de CNC
Linaire à feuilles larges endommagée par le charançon perceur de tiges <i>Mecinus janthiniformis</i> (Photo de CNC)

Linaire à feuilles larges endommagée par le charançon perceur de tiges Mecinus janthiniformis (Photo de CNC)

La lutte contre les mauvaises herbes envahissantes ne semble peut-être pas un travail prestigieux, mais demeure un élément clé de la gestion des aires naturelles qui exige parfois de sortir des sentiers battus.

Conservation de la nature Canada (CNC) œuvre à la protection de milieux naturels remarquables et d’une grande importance à travers le pays. Toutefois, protéger de nouveaux sites n’est que la première étape du processus de conservation. Vient ensuite leur gestion, qui pose de nombreux défis.

Parmi ceux-ci, le contrôle des végétaux envahissants est l’un des plus longs et coûteux. Ces plantes introduites, communément appelées mauvaises herbes, s’établissent et se propagent rapidement. Ce faisant, elles supplantent les espèces indigènes et nuisent aussi à la faune, aux écosystèmes et à l’économie.

« Conserver ces paysages pour les générations futures ne consiste pas seulement à les préserver du développement, mais aussi à empêcher qu’ils soient altérés par la présence d’espèces non indigènes, ce qui nécessite de contrôler celles qui sont envahissantes », explique Ayla Peacock, technicienne de contrôle des espèces envahissantes à CNC en Alberta. « Ces espèces envahissantes sont nuisibles et très prolifiques, ce travail est donc essentiel si nous voulons protéger la splendeur de ces paysages naturels. »

Des dizaines d’espèces végétales envahissantes ont été trouvées sur des sites protégés par CNC à travers l’Alberta. Toutes sont uniques, avec leurs propres stratégies de croissance et de reproduction. Elles réagissent aussi de différentes manières aux méthodes de contrôle, qui incluent l’arrachage, le fauchage et l’utilisation d’herbicides.

La linaire à feuilles larges, un redoutable envahisseur

La linaire à feuilles larges, une vivace à fleurs jaunes originaire d’Eurasie, est l’une des plantes envahissantes les plus problématiques en Alberta. Malheureusement, elle est présente à une poignée de sites de CNC dans la région de Castle-Crowsnest, dans le sud-ouest de la province.

« Une fois cette linaire établie à un endroit, elle le colonise si entièrement qu’il devient très difficile pour d’autres espèces de pousser autour, explique Ayla. Si vous trouvez un site lourdement envahi, vous n’y verrez que cette espèce, sauf peut-être quelques graminées introduites.

La linaire à feuilles larges est difficile à contrôler en raison de son mode de croissance. Elle produit des rhizomes, c’est-à-dire des tiges qui poussent sous terre à partir de la tige principale.

Lorsqu’un rhizome est séparé de la plante principale, il peut donner naissance à un nouveau spécimen. L’arrachage peut donc entraîner l’apparition de nouvelles pousses et causer plus de mal que de bien.

Par ailleurs, les herbicides sont moins efficaces sur les rhizomes; il faut donc en mettre plus souvent, ce qui est coûteux et prend du temps.

Ces solutions étant loin d’être idéales, les gestionnaires de terres de la région se sont tournés vers une autre option : la lutte biologique, qui consiste à utiliser une créature vivante pour contrôler une espèce nuisible.

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Minuscule, mais redoutable

C’est là qu’intervient Mecinus janthiniformis, un insecte perceur de tiges de la famille des charançons (coléoptères) doté d’un appétit insatiable pour la linaire à feuilles larges.

À l’âge adulte, ces charançons se nourrissent des nouvelles feuilles de la plante et grignotent de grands trous dans ses tissus, ce qui nuit à sa santé.

Puis, les femelles creusent de petits trous dans la tige pour y pondre leurs œufs. La plante réagit en enflant au niveau du site de ponte, et les larves se développent et se nourrissent à cet endroit. Le printemps suivant, les charançons adultes en émergent et poursuivent leur cycle de vie.

Tout ce processus nuit à la plante hôte. Les charançons adultes stoppent son développement et l’empêchent de fleurir et de produire des graines. Les larves endommagent quant à elles les tissus vasculaires de la plante, limitant ainsi sa croissance et sa capacité à résister aux perturbations.

L’une des principales préoccupations quant à l’usage d’agents de contrôle biologiques comme ce charançon est de faire en sorte qu’ils ne s’attaquent qu’à l’espèce ciblée. Heureusement, celui dont il est question ici ne parasite que la linaire à feuilles larges. Les plantes indigènes à proximité ne sont donc aucunement menacées.

Au cours de l’été 2022, Ayla a visité un site où ces insectes ont été relâchés pour contrôler les linaires en 2020. À son plus grand plaisir, elle a constaté que les plantes avaient été dévastées par les charançons.

« On voit tout de suite quand cela fonctionne, dit Ayla. Toutes les plantes que j’ai examinées présentaient des dommages bien visibles au niveau des feuilles et de la tige. C’était très enthousiasmant. »

Mais ce qui a le plus encouragé Ayla, une scientifique passionnée, ce sont les données collectées avant et après sur le site. En 2022, lors de la visite de suivi sur le site, la densité des plantes était réduite de moitié par rapport au moment où les insectes ont été relâchés en 2020. Les linaires à feuilles larges étaient non seulement moins vigoureuses, mais aussi moins nombreuses.

Une approche intégrée de la gestion des espèces nuisibles

En matière de contrôle des espèces nuisibles, l’approche moderne, dite de gestion intégrée repose sur l’emploi de différentes méthodes adaptées aux diverses situations. Par exemple, l’application d’herbicides peut être efficace, mais pourrait ne pas fonctionner pour certaines espèces ou dans certaines situations.

Cela signifie que les personnes qui œuvrent au contrôle des espèces envahissantes, comme Ayla, doivent savoir s’adapter rapidement à de nouvelles situations.

« Il faut voir la gestion intégrée des espèces nuisibles comme une boîte à outils, dit Ayla. Faire le travail en nécessite plus d’un et on ne peut pas toujours utiliser le même. »

Pour aider CNC à contrôler les espèces envahissantes destructives, faites un don dès aujourd’hui!

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