La rivière au Brochets et ses tortues-molles à épines

(Photo de Kim Pardi)
Tortue… Molle… À épines… Quoi ? Mais qu’est-ce qu’une tortue-molle à épines ? Je ne vous parle pas de Bowser, cette tortue géante de jeux vidéo avec des pointes sur la carapace ! Je vous parle ici d’une vraie espèce de tortue, vivant au Québec, et en voie de disparition au Canada.
Pourquoi l’appeler ainsi d’abord ?
Il s’agit d’une tortue assez particulière mais qui porte très bien son nom. La plupart des tortues sont reconnaissables à leur carapace dure. Celle-ci est couverte de kératine, soit le même matériau que nos ongles et cheveux. Vous avez bien compris; les tortues ont l’équivalent d’un gros ongle sur le dos ! Les tortues-molles pour leur part, n’ont pas de kératine. C’est pourquoi les os qui forment la carapace sont plutôt recouverts d’une sorte de peau très épaisse semblable à du cuir et un peu mou au toucher. Les épines quant à elles sont petites et difficiles à voir. Elles se trouvent sur le bord avant de sa carapace. Voilà : la tortue-molle à épines !
Tortue en vacances : problèmes épineux
Si cette tortue est plutôt rare, c’est qu’elle a des besoins bien précis et, malheureusement pour elle, notre envie commune de se sentir comme à la plage n’est pas des plus compatible. En fait, la tortue-molle à épines est principalement aquatique. Elle a besoin d’une fosse aquatique d’au moins trois mètres de profondeur pour hiberner l’hiver, d’un endroit moins profond au sol sablonneux, histoire de pouvoir s’y enfouir, ainsi que des plages de sable ou de petit gravier où pondre ses œufs. L’ennui, réside dans le fait que les humains voient ces plages comme des lieux idéaux pour construire des chalets ou encore se baigner, ce qui affecte énormément ces milieux naturels.
De plus en plus, les berges des lacs et rivières où vivent ces sympathiques reptiles sont défrichées. Sans végétaux pour contrôler les crues au printemps, les berges sont inondées et les œufs, noyés. Comme la végétation ne filtre plus l’eau qui s’écoule vers le lac, la qualité de l’eau est moindre, et le ruissellement en provenance des terres agricoles amène trop de nutriments aux étendues d’eau, ce qui rend la respiration des tortues difficile sous la surface.
Des solutions qui marchent. Heu… Nagent !

Bébé tortue-molle à épines, QC (Photo de CNC)
Une seule population existe au Québec et elle se trouve dans la région du lac Champlain. Beaucoup de sensibilisation y est faite avec les résidents et les plaisanciers afin de mieux faire connaître cette drôle de tortue à carapace molle. Le Zoo de Granby agit dans la région depuis plusieurs années, d’abord en estimant le nombre de tortues grâce à la télémétrie, mais également en jouant les cigognes ! Chaque année, l’équipe de conservation du Zoo va chercher les œufs dans le site de ponte connu au Québec qui se trouve dans la rivière aux Brochets, les font éclore au zoo, à l’abris des crues printanières qui noient les bébés dans les œufs, et, au moment de l’éclosion, vont les relâcher dans leur habitat naturel.
Conservation de la nature Canada n’est pas sans apporter son aide ! Deux propriétés dont les rives sont restées à l’état naturel ont été acquises dans le secteur de la rivière aux Brochets. Celles-ci, bien qu’ayant ensemble une superficie d’un peu moins de deux hectares, sont d’une importance capitale pour plusieurs espèces, dont les tortues-molles à épines. Les suivis télémétriques réalisés par le Zoo de Granby ont d’ailleurs démontré l’utilisation du secteur par les nouveau-nés !
Des experts discutent de l’acquisition des propriétés, et le Zoo de Granby nous en apprend plus tout en relâchant de jeunes tortues dans cette vidéo ! Bon visionnement !
Remerciements
À tous les partenaires, donateurs et bénévoles, CNC tiens à vous présenter ses remerciements les plus chaleureux. Votre soutiens dans notre mission est au cœur de nos réussites et de la santé de notre environnement.