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Les milieux humides comptent parmi nos moyens de défense naturels et doivent être conservés

Upper Ohio, N.-É. (Photo de Mike Dembeck)

Upper Ohio, N.-É. (Photo de Mike Dembeck)

Par Kelly Cain, vice-présidente de CNC pour l’Atlantique

Lors de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP15) de décembre 2022 à Montréal, plus de 190 pays ont adopté un Cadre mondial pour la biodiversité. Une partie de cet accord prévoit la conservation d’au moins 30 % des terres et des eaux de la planète d’ici 2030. Même si l’accord n’est pas juridiquement contraignant, les individus et les collectivités souhaitent voir les choses bouger. Ici au Canada, le gouvernement fédéral s’est engagé à atteindre cet objectif dans le cadre de ses efforts pour contrer la double crise du déclin de la biodiversité et des changements climatiques. Certaines provinces ont subséquemment annoncé des plans d’action.

Les milieux humides sont en effet l’un de nos meilleurs moyens de défense naturels pour atténuer les effets des changements climatiques. Malheureusement, ils comptent aussi parmi les écosystèmes les plus menacés dans le monde.

CNC à la COP15, Montréal, QC (Photo de CNC)

CNC à la COP15, Montréal, QC (Photo de CNC)

On trouve au Canada 25 % des milieux humides de la planète, soit plus que dans tout autre pays. Nombre d’entre eux ont disparu en raison d’activités humaines comme l’assèchement et le développement immobilier. Dans le sud du pays, où se concentrent la plupart de nos collectivités, plus de 80 % des milieux humides d’origine ont été détruits. Compte tenu de cela, nous devons faire un effort concerté pour conserver ceux qui nous restent, et ce, sans tarder.

Les milieux humides ont de nombreux bienfaits sociaux, économiques et écologiques. Ils jouent un rôle important en filtrant l’eau que nous buvons. Ils fournissent aussi des habitats vitaux pour les espèces sauvages, atténuent les inondations, stabilisent les sols et permettent la pratique de loisirs. Alors que de plus en plus de ces milieux continuent d’être altérés ou de disparaître, la protection qu’ils offrent en absorbant les eaux d’écoulement et les marées s’en trouve amoindrie, augmentant ainsi les risques d’inondations majeures.

Les milieux humides nous rendent de nombreux services que nous avons tendance à tenir pour acquis ou dont nous n’avons pas conscience. Si vous avez utilisé de l’eau aujourd’hui pour vous brosser les dents, cuisiner ou vous désaltérer, vous devriez probablement remercier un milieu humide! Ceux-ci protègent en effet la qualité de notre eau en filtrant les sédiments, les nutriments et les contaminants. À la manière d’une éponge géante, ils absorbent et retiennent l’eau, atténuant ainsi les risques d’inondation et de sécheresse. Ils captent et stockent également le carbone.

De plus, les milieux humides offrent des habitats de nidification et d’alimentation d’une grande importance pour les sauvagines et d’autres espèces. Qui plus est, au moins la moitié des espèces d’Amérique du Nord en dépendent pour une partie de leur cycle de vie.

The Keyhole, N.-B. (Photo de Mike Dembeck)

The Keyhole, N.-B. (Photo de Mike Dembeck)

Depuis sa fondation en 1962, Conservation de la nature Canada (CNC) a protégé et restauré plus de 161 000 hectares de milieux humides à travers le pays au bénéfice de la flore, de la faune et de la population. L’organisme a aussi contribué à protéger 57 000 kilomètres de rivières et plus de 496 000 hectares de lacs.

Nous sommes fiers de collaborer avec les propriétaires de terrains, les collectivités, les gouvernements et d’autres organisations afin de conserver des habitats d’importance, dont des milieux humides, des plaines d’inondation et des zones riveraines. CNC restaure aussi des milieux humides dégradés afin de les rendre plus propices aux oiseaux migrateurs, aux amphibiens, aux poissons et à d’autres espèces.

Au Canada atlantique, les milieux humides font partie des habitats les plus importants que CNC œuvre à conserver. L’organisme a protégé d’importants habitats humides de la pointe nord-est du Nouveau-Brunswick au coin sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, et dans l’ensemble de l’île du Prince-Édouard et de Terre-Neuve-et-Labrador.

Benoîte de Peck  (Photo de June Swift)

Benoîte de Peck (Photo de June Swift)

Au Nouveau-Brunswick, nous travaillons à la protection des forêts et des milieux humides qui bordent le lac Grand, le plus vaste plan d’eau de la province. Plusieurs espèces végétales et animales autrefois abondantes dans la région sont maintenant rares ou en péril en raison du long passé d’exploitation forestière et de développement immobilier sur les berges du lac. CNC a actuellement la chance d’acheter 20 hectares de milieu humide sur le côté ouest du lac pour agrandir la réserve naturelle The Keyhole, près du parc provincial Grand Lake.

En Nouvelle-Écosse, CNC travaille activement depuis 1988 sur l’île Brier, pour protéger un habitat humide crucial pour la survie d’une flore diversifiée, dont plusieurs plantes rares, comme benoîte de Peck. Les tourbières de la région abritent 95 % de la population canadienne de benoîte de Peck et constituent l’un de deux endroits dans le monde où pousse cette plante à fleurs rare. Nos travaux incluent la collaboration avec des organismes de recherche, des bénévoles locaux et des donatrices et donateurs afin de restaurer les tourbières et milieux humides, qui sont aussi des habitats d’une grande richesse pour les oiseaux migrateurs qui suivent la voie migratoire de l’Atlantique. Nous recherchons activement des occasions et appuis supplémentaires pour agrandir cette réserve naturelle et maintenir la biodiversité de la pointe ouest de la Nouvelle-Écosse.

Réserve naturelle de la rivière Percival, Î.-P.-É. (Photo de CNC)

Réserve naturelle de la rivière Percival, Î.-P.-É. (Photo de CNC)

À l’Île-du-Prince-Édouard, l’un des meilleurs exemples de la richesse des milieux humides   se trouve en bordure de la rivière Percival, dans le comté de Prince. Les environs de cette rivière constituent l’un des corridors écologiques les plus intacts qui subsistent dans la province. Depuis 2007, CNC y protège des marais salés côtiers, des milieux humides d’eau douce et des zones forestières peuplées d’épinettes noires. CNC est fier de collaborer avec des partenaires de conservation aussi actifs sur les berges de la rivière Percival pour protéger ses précieux habitats forestiers et côtiers. C’est d’ailleurs en bordure de cette rivière que se trouve la plus grande étendue intacte de marais salés de l’Île-du-Prince-Édouard.

À Terre-Neuve-et-Labrador, à moins de 2 kilomètres de la municipalité de Deer Lake, les 11 hectares de la réserve naturelle Black Ash de CNC comprennent des zones de marécage et de forêt alluviale (ou inondable) en bordure du ruisseau Rocky. Situé dans la plaine d’inondation de la rivière Upper Himber, ce site exceptionnel est inondé de manière saisonnière, ce qui en fait un excellent habitat pour des espèces rares à l’échelle provinciale comme le frêne noir, le quiscale rouilleux et le grand héron.

Bénévoles de CNC, Rocky Brook, T.-N.-L. (Photo de CNC)

Bénévoles de CNC, Rocky Brook, T.-N.-L. (Photo de CNC)

En plus de leurs importantes fonctions au sein du monde naturel, de nombreux milieux humides protégés par CNC offrent des possibilités de loisirs comme la marche, la randonnée pédestre, la pêche, l’observation de la faune et le canotage, ainsi que des occasions pour jeunes et moins jeunes d’en apprendre plus sur la nature en l’explorant.

À une époque où nous sommes tous confrontés à la double crise du déclin de la biodiversité et des changements climatiques, il faudra que tous – particuliers, collectivités, gouvernements, entreprises, organismes de conservation et communautés autochtones – œuvrent ensemble pour la protection des milieux humides.

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