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Une parcelle à la fois

Par Caroline Barlott

Glen Lawrence, un propriétaire foncier, se rappelle une époque où, ironiquement, il était rare d’apercevoir un castor dans les collines Beaver (collines « Castor•»). Le commerce des fourrures et la perte d’habitats y avaient éradiqué cette espèce et de nombreuses autres. Bien que le castor ait été réintroduit dans les années 1940 dans le parc national Elk Island, situé au coeur des collines Beaver plusieurs décennies se sont écoulées avant que l’espèce redevienne commune hors du parc.

Aujourd’hui, grâce à des dizaines d’années d’efforts de propriétaires et de groupes de conservation, les castors sont de retour, tout comme les wapitis, les pékans, les orignaux, et plusieurs autres espèces, au sein d’un réseau de terres protégées nommé « réserve de biosphère de Beaver Hills* ». Cette désignation se fonde sur les importantes caractéristiques physiques et culturelles de la région, et sur la participation citoyenne dans la protection et la gestion des collines Beaver. En 2010, Glen Lawrence a d’ailleurs lui-même conclu un accord de conservation avec Conservation de la nature Canada (CNC) afin de s’assurer que les valeurs naturelles de sa propriété soient protégées à long terme.

Membres de l’équipe qui veille sur les collines Beaver. (Photo de Brent Calver)

Membres de l’équipe qui veille sur les collines Beaver. (Photo de Brent Calver)

Maintenant, la reconnaissance par Environnement et Changement climatique Canada de l’importance des aires protégées privées dans la « matrice de conservation » dans son ensemble constitue un pas important vers la reconnaissance formelle de la contribution des propriétaires fonciers privés et des groupes de conservation au pays.

Des partenariats pour la conservation

La région des collines Beaver, située tout juste à l’est d’Edmonton, fait l’objet de mesures de conservation publiques et privées depuis des années. L’existence de terres conservées par le gouvernement remonte au début des années 1900, époque où les grands-parents de Glen Lawrence y avaient leur ferme. Le parc Elk, une réserve forestière devenue le parc national Elk Island, fut créé en 1906 pour assurer la survie d’une harde relique** de wapitis. Alors que d’autres secteurs des collines Beaver, dont les lacs Ministik et Miquelon, étaient conservés par les gouvernements provincial et fédéral, et d’autres groupes de conservation, l’isolement de ces parcs ne permettait pas d’y garantir l’essor des habitats et des espèces.

En réalité, si elles avaient été laissées à elles-mêmes, ces aires protégées n’auraient probablement pas suffi à elles seules à conserver un échantillon représentatif de l’habitat assurant la survie à long terme de la faune et de la flore d’une région donnée. Toutefois, dans le cas des collines Beaver, les aires protégées privées, ou APP, (terres appartenant à des organisations non gouvernementales, des entreprises, des particuliers, des groupes ou d’autres entités) ont contribué à créer un réseau d’aires protégées beaucoup plus fort et sain que ce que les parcs de la région, isolés les uns des autres, pouvaient accomplir. Cet exemple démontre bien l’importance des APP comme outil en conservation.

Collines Beaver, Alb. (Photo de Brent Calver)

Collines Beaver, Alb. (Photo de Brent Calver)

Les 159 500 hectares (394 133 acres) de la réserve de biosphère, dont 5€003 hectares (12 400 acres) sont des APP, abritent maintenant des centaines d’espèces qui ne sont pas seules à en profiter. Les communautés environnantes profitent en effet de la présence de milieux humides et d’autres habitats qui contribuent à filtrer l’eau et à l’emmagasiner. Les arbres qui couvrent la région améliorent quant à eux la qualité de l’air.

Les APP font partie du portrait mondial de la conservation depuis des siècles. Le Canada ne fait quant à lui que commencer à explorer comment les APP pourraient bénéficier d’une reconnaissance plus formelle et de quelle manière elles pourront aider le pays à atteindre ses cibles de conservation de la biodiversité. L’objectif 1 qu’a établi le Canada vise la protection de 17 % de son territoire et 10 % de ses zones côtières et maritimes d’ici 2020. Pour atteindre cet objectif, Environnement et Changement climatique Canada reconnaît dorénavant la contribution des APP dans ses statistiques de superficies conservées. Cette perspective est enthousiasmante, selon Lisa McLaughlin, vice-présidente, Politiques et planification en conservation à CNC, puisque les APP jouent depuis longtemps un important rôle dans la conservation de la nature au Canada.

* Désignation internationale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) reconnaissant la mise
en oeuvre d’actions conciliant des initiatives de conservation de la nature et d’autres relatives au développement durable.

** Derniers représentants d’un groupe autrefois largement répandu.

Cet article est tiré du numéro Printemps 2019 du Magazine Conservation de la nature Canada. Cliquez ici pour savoir comment recevoir notre magazine.

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