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Contes, couleuvres et camping

Parc provincial Writing-on-Stone / Áísínai’pi (Illustration de Cory Proulx)

Parc provincial Writing-on-Stone / Áísínai’pi (Illustration de Cory Proulx)

En traversant les prairies albertaines en voiture, on voit l’horizon s’étendre presque à perte de vue. Le paysage est plat, comme une peau tendue, et couvert de prairies parmi les plus riches au Canada. Celles-ci constituent un des écosystèmes les plus menacés au monde. Alors que nous parcourons ce paysage, rien ne nous prépare pour notre premier coup d’oeil sur le site de Writing-on-Stone/Áísínai’pi. Après avoir passé la crête dominant la vallée de la rivière Milk, les cheminées de fées (hoodoos) apparaissent; on croirait voir l’ossature des prairies. Nous voici sur le territoire du peuple Blackfoot, où les pétroglyphes, ces motifs gravés sur des parois rocheuses, racontent les récits de plusieurs générations et justifient l’ajout du site sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Tout comme le vent a façonné les cheminées de fées emblématiques, celles-ci ont façonné l’imaginaire depuis des millénaires.

En me remémorant mes nombreuses visites à Writingon-Stone alors que j’étais enfant, je réalise maintenant qu’en me perdant dans les labyrinthes des cheminées de fées, j’allais à la  rencontre de quelque chose en moi. En fréquentant un tel endroit, la boussole de ma vie allait s’aligner avec les oiseaux, les insectes et le grand air.

Je suis récemment retourné à Writing-on-Stone avec mes deux fils. C’était ma chance de leur permettre de faire des découvertes dans ce lieu sacré. Sans le savoir, nous avions installé notre tente sur une « autoroute » de reptiles et d’amphibiens. Des couleuvres à nez mince des Prairies, des couleuvres rayées, et même un crotale, ont traversé notre site, se déplaçant de leur hibernacle (habitat d’hiver) situé à l’intérieur des terres à leur aire d’estivage (habitat d’été) sur les berges de la rivière.

Alors que la plupart de ces serpents n’ont fait que passer, sans tambour ni trompette, deux d’entre eux nous ont offert tout un spectacle. Nous avons pu observer à distance un jeune crotale, avant qu’un employé du parc le déplace avec précaution. Plus tard, j’ai fait les présentations officielles entre mes garçons (et une foule de curieux) et une couleuvre à nez mince des Prairies pendant qu’elle s’enroulait doucement dans mes bras. J’ai partagé avec eux mes connaissances sur ce serpent, mais dans de tels moments, ce sont les émotions, bien plus que les faits qui donnent tout leur sens à ce type d’expérience.

Je suis fier que mes fils soient encore à l’aise quand ils croisent des serpents. Difficile de savoir s’ils se souviendront de ce premier tête-à-tête avec une couleuvre, mais il n’en demeure pas moins que ce sont des moments comme celui-là qui forgent notre personnalité et les valeurs qui la définissent.

Cet article est tiré du numéro Automne 2019 du Magazine Conservation de la nature Canada. Cliquez ici pour savoir comment recevoir notre magazine.

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