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Troupeau de chèvres sur une terre protégée par CNC (Photo de CNC)

Troupeau de chèvres sur une terre protégée par CNC (Photo de CNC)

Les chèvres : héroïnes insoupçonnées de la restauration écologique

Avec appétit, elles éliminent les mauvaises herbes .
Chèvre gourmande (Photo de CNC)

Chèvre gourmande (Photo de CNC)

La restauration écologique est une composante importante des efforts que nous déployons pour freiner le rythme des changements climatiques et préserver la biodiversité. Pour relever ce défi, une approche novatrice fait appel à d’étonnantes alliées : les chèvres.

Sur l’aire protégée appelée Fleming, au nord-est de Spruce Grove, en Alberta, Conservation de la nature Canada (CNC) s’affaire à restaurer une forêt mixte, anciennement convertie en terre agricole. Dans cette région, des spécialistes de la restauration combinent la conservation, la lutte durable contre les mauvaises herbes et des pratiques novatrices pour créer et reconnecter des habitats forestiers au profit de la population et de la nature.

Un défi bien spécial

Ce site présente un paysage naturel riche, composé d’une forêt boréale mixte et de milieux humides qui fournissent un habitat vital aux espèces sauvages, dont des oiseaux comme les parulines et les pics. Puisqu’une partie a autrefois été utilisée à des fins agricoles, le personnel de restauration de CNC cherche à la restaurer en forêt.

Pour ce faire, des graminées indigènes ont d'abord été plantées pour créer un couvert végétal, ce qui contribue à enrichir le sol et à lutter contre l’érosion. Ensuite, des épinettes ont été plantées sur les terres anciennement cultivées pour donner le coup d’envoi au processus de restauration. Malheureusement, l’équipe de restauration s’est heurtée à un problème lorsque des espèces de mauvaises herbes envahissantes ont pris racine parmi les arbres nouvellement plantés. Celles-ci font concurrence aux semis d’arbres pour l’accès à l’eau et aux nutriments, ce qui freine leur croissance. L’arrachage et l’utilisation d’herbicides n’étaient pas de bonnes solutions pour lutter contre ces graminées, en raison des dommages potentiels qu’elles représentaient pour les jeunes plants d’arbres fragiles. Face à ce dilemme, l’équipe s’est tournée vers une solution peu conventionnelle, mais très efficace : les chèvres.

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Des guerrières à quatre pattes

Depuis 2018, environ 500 chèvres sont amenées chaque été sur le site, accompagnées d’une personne expérimentée dans ce domaine et de ses chiens. Les chèvres travaillent sans relâche et sont surveillées pour s’assurer qu’elles mangent les végétaux envahissants ciblés.

Semis d'épinette, Aire protégée Fleming (Photo de CNC)

Semis d'épinette, Aire protégée Fleming (Photo de CNC)

Puisqu’elles ont tendance à préférer manger les mauvaises herbes, les chèvres sont particulièrement efficaces quand il s’agit de restauration. Voilà pourquoi leur utilisation est connue sous le nom de broutage ciblé (target browsing). Des clôtures électriques temporaires ont été mises en place pour diriger leurs efforts sur les zones ciblées et aussi pour les empêcher de s’éloigner.

Leur appétit vorace pour les mauvaises herbes les amenait à se déplacer méthodiquement sur le site pour y dévorer la végétation indésirable, explique Alia Snively, qui dirige les travaux de restauration de CNC en Alberta.

« C’est un processus très intensif. Heureusement, des spécialistes veillent à ce que les chèvres se nourrissent principalement des mauvaises herbes et à ce qu’elles se déplacent vers une autre zone si elles commencent à manger la végétation que nous souhaitons conserver, explique Alia. C’est un excellent moyen de lutter de manière organique et sélective contre les mauvaises herbes. »

Toutefois, le recours à des chèvres pour lutter contre les végétaux envahissants nécessite une bonne connaissance de l’espèce et du territoire. De plus, et elles doivent être dirigées et gérées avec soin, explique Alia.

Les multiples bienfaits du pâturage des chèvres

En plus de lutter contre les mauvaises herbes, les chèvres fournissent d’autres bienfaits sur le plan écologique. Elles contribuent à réduire l’accumulation de litière organique, c’est-à-dire la matière végétale en décomposition sur le sol. Bien que la litière soit essentielle pour modérer les températures et les taux d’humidité des sols, une accumulation excessive peut entraver la germination et la croissance des végétaux. Les habitudes de pâturage des chèvres contribuent donc à assurer un bon équilibre de la litière, améliorant ainsi les conditions écologiques favorables à la régénération forestière.

Accroître la biodiversité

Les chèvres ayant réussi à éliminer les mauvaises herbes envahissantes, l’équipe de restauration a pu passer à la prochaine phase de son projet : accroître la biodiversité sur le site. Pour ce faire, l’équipe a acheté 276 arbustes de 5 espèces différentes et les a plantés en septembre de l’an dernier.

« Nous y étions en juillet et, en nous promenant sur le site, nous avons constaté que des arbustes indigènes s’y installaient aussi, explique Alia. C’était très encourageant à voir! »

Pour veiller à ce que les arbustes prospèrent, l’équipe de restauration les entourera de « tapis de paillis ». Ces tapis biodégradables sont utilisés pour empêcher la végétation environnante de se développer en bloquant la lumière, ce qui permet aux arbustes nouvellement plantés de s’établir et de contribuer à accroître la biodiversité sur le site.

Ouvrir la voie à la restauration

L’utilisation de chèvres à des fins de restauration écologique sur le site Fleming est un excellent exemple de créativité en matière de résolution de problèmes et de pratiques de restauration durable. En effet, cette approche non conventionnelle a permis de lutter efficacement contre les mauvaises herbes envahissantes tout en ouvrant la voie à la restauration de la diversité de l’écosystème de la forêt boréale. 

Remarque : Dans le but d’éviter tout risque de transmission de maladies, les chèvres ne sont pas utilisées sur les sites de CNC où la présence de chèvres de montagne ou de mouflons d’Amérique indigènes est probable.

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