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Faire parler les données : la science participative au service de la conservation

Bénévole enregistrant une observation lors d’un BioBlitz de CNC (Photo de Brent Calver)

Bénévole enregistrant une observation lors d’un BioBlitz de CNC (Photo de Brent Calver)

Par Sarah Ludlow, coordonnatrice, Science de la conservation et SIG à CNC pour la région de la Saskatchewan

À quoi pensez-vous quand vous entendez parler de données? Pour bien des gens, le mot évoque des chiffres, des ordinateurs et des scientifiques s’affairant à des analyses statistiques complexes. Même si cette généralisation n’est pas entièrement fausse, il est important de comprendre que chacun de ces chiffres (ou points de données) représente une mesure prise à des fins bien précises.

Josh Noseworthy enregistre des données sur un site de nidification du cormoran à aigrettes. Les déjections très acides des cormorans ont eu raison d’un grand nombre de conifères de Governor's Island, mais ces derniers fournissent toujours un habitat de nidification pour les cormorans ainsi que les hérons. (Photo de Sean Landsman).

Josh Noseworthy enregistre des données sur un site de nidification du cormoran à aigrettes. Les déjections très acides des cormorans ont eu raison d’un grand nombre de conifères de Governor's Island, mais ces derniers fournissent toujours un habitat de nidification pour les cormorans ainsi que les hérons. (Photo de Sean Landsman).

Par exemple, les points de données peuvent représenter le nombre d’oiseaux comptés pour déterminer leur abondance ou l’évolution de leurs populations. Ils pourraient aussi représenter des quadrats (ou placettes), c’est-à-dire des zones carrées de taille standard considérée séparément pour faire un inventaire de la flore qui servira à quantifier l’habitat d’une espèce. L’important est de comprendre que dans les domaines de l’écologie et de la conservation, les chiffres qui se trouvent dans des feuilles de calcul représentent des éléments bien précis de la nature. Les données collectées permettent aux scientifiques de mieux comprendre le fonctionnement du monde naturel et d’expliquer les mécanismes qui font émerger les tendances observées.

Josh Noseworthy note ses observations dans une colonie de cormorans à aigrettes. Les fientes acides des cormorans ont tué une grande partie des épinettes sur l’île Governors (Î.-P.-É.), mais ces arbres demeurent un excellent habitat de nidification pour les cormorans et les hérons. (Photo de Sean Landsman)

Une importante quantité de données est souvent nécessaire pour pouvoir tirer des conclusions solides, puisqu’un grand échantillon est requis pour expliquer fiablement ce qui se passe dans le système étudié. Conséquemment, la collecte de données demande souvent beaucoup de temps et de ressources. Cela étant dit, le problème est ensuite de déterminer comment les scientifiques peuvent obtenir suffisamment de données pour répondre aux grandes questions.

Les bénévoles au secours de la science

Les programmes de science participative bénévole sont un moyen d’y parvenir! Beaucoup s’intéressent à différentes espèces végétales et animales, et ceux créés expressément pour recueillir des données sur les oiseaux sont particulièrement nombreux.

Hirondelle bicolore (Photo de Les Freck)

Hirondelle bicolore (Photo de Les Freck)

L’un des meilleurs exemples est le Relevé des oiseaux nicheurs de l’Amérique du Nord (BBS), d’où sont tirées les données qui permettent de suivre les tendances des populations de la majorité des espèces aviaires du continent. Lorsque vous apprenez que les populations d’oiseaux des prairies ont chuté de 53 % depuis 1970, cette estimation découle des données du BBS. Et, chose particulièrement intéressante, toutes ces données ont été collectées par des bénévoles!

Recueillir des données pendant plusieurs années selon les mêmes méthodes et au même endroit est une autre manière de créer un grand échantillon. Le BBS est un excellent exemple d’un ensemble robuste de données recueillies à long terme. Ses données sont fiables parce qu’elles ont été recueillies en suivant un protocole standardisé, sur des itinéraires prédéterminés, souvent par les mêmes bénévoles, et sur de multiples années. Les protocoles standardisés permettent d’assurer la fiabilité des données recueillies afin qu’elles puissent être comparées à celles d’autres années ou d’autres observateurs ou observatrices.

La science participative, mode d’emploi

L’apparition de nouvelles technologies au cours des dernières années a rendu la collecte de données plus facile et, pourrait-on dire, plus accessible. De nombreux projets de science participative tirent parti d’applications qui facilitent la capture de données et éliminent la nécessité de les entrer manuellement, ce qui économise du temps et réduit les risques d’erreurs. Deux de ces applications les plus connues sont eBird et iNaturalist. Elles sont gratuites et peuvent être installées sur votre téléphone intelligent et vous permettre de soumettre des observations d’oiseaux ou de toute autre espèce. Les scientifiques utilisent ces données pour en savoir davantage sur le cycle de vie, les occurrences, et la distribution des espèces.

Aster lisse (Photo de Sarah Ludlow/CNC)

Aster lisse (Photo de Sarah Ludlow/CNC)

Pour ma part, je participe à autant de ces programmes de suivi que possible. Mon téléphone m’accompagne presque partout, alors il m’est très facile de créer une liste d’observations dans eBird avant de sortir pour une promenade. Je note ensuite les espèces d’oiseaux que je vois et entends en cours de route (ce que, entre nous, je ferais probablement de toute manière).

Et il ne faut que quelques secondes pour prendre en photo une fleur sauvage pour l’ajouter à iNaturalist. Cela m’incite à ralentir et à observer de plus près le monde naturel qui m’entoure. Quand je m’arrête pour photographier cette fleur, je remarque les autres qui poussent tout autour, ainsi que les abeilles et autres petites bêtes qui s’y affairent. Je suis heureuse de remarquer ces petites choses et des moments de réflexion que cela suscite chez moi.

Chaque point de données compte

L’aspect que je préfère peut-être le plus des programmes de science participative est qu’en plus de m’encourager à prendre de belles photos de fleurs et à observer les oiseaux, ils me permettent de recueillir des données qui contribueront à leur conservation.

J’espère que cela vous inspire à recueillir vous aussi des données cet été! Si c’est le cas, voici des projets de science participative qui ont toujours besoin de plus de gens (et de données!) :

  • iNaturalist
  • eBird
  • Bumble Bee Watch – Projet de science participative qui permet de réunir les observations de bourdons en Amérique du Nord (site en anglais)
  • Journey North – Projet de science participative s’intéresse à la migration des monarques, des colibris et des merles d’Amérique en Amérique du Nord (site en anglais)
  • Zooniverse – Plateforme en ligne qui permet de contribuer virtuellement aux recherches de scientifiques de partout dans le monde (site en anglais)

Cette liste est bien incomplète, et il existe des projets de science participative dans une grande diversité de domaines, de l’astronomie à l’ornithologie, en passant par les abeilles et la qualité de l’eau. Une recherche rapide sur Internet vous permettra assurément d'en trouver un auquel vous aurez envie de contribuer. N’oubliez pas que votre contribution est précieuse et que chaque donnée compte!

 

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