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La gratitude comme stratégie de survie

Le site Black River Bog de CNC, N.-É. (Photo de Jill Ramsay/CNC)

Le site Black River Bog de CNC, N.-É. (Photo de Jill Ramsay/CNC)

Par Jill Ramsay, stagiaire en intendance 2023 à CNC en Nouvelle-Écosse

Un naturaliste et mentor à mon ancien travail m’a déjà dit : la gratitude est une stratégie de survie. J’ai d’abord vu ces paroles comme une réinterprétation des divers slogans axés sur la pensée positive que tous ont tant de fois entendus au fil des ans. Il a par la suite précisé sa pensée, la liant aux origines de la nature humaine. Selon lui, l’idée que la plupart des gens se font des premiers échanges commerciaux est fausse.

« Avant que les ressources deviennent abondantes ou faciles à obtenir, les gens devaient chercher à inspirer un sentiment de gratitude chez les autres pour survivre, m’a-t-il dit. Il serait improbable que les premiers échanges commerciaux se soient résumés au troc spontané d’une peau ou d’une fourrure contre un sac de grain. Dans ces temps difficiles où rester en vie était un défi de tous les instants, il n’existait aucun moyen d’entreposer ou de préserver les ressources. Les gens qui parvenaient à obtenir une ressource la partageaient probablement avec les autres dans l’espoir que leur gratitude les pousserait à faire de même plus tard. »

Dans ce contexte, manifester de la gratitude favoriserait la longévité mutuelle et peut ainsi véritablement être considéré comme une stratégie de survie.

Cette forme ancienne d’échange est devenue beaucoup moins courante dans la culture occidentale, et les menaces qui pèsent sur notre survie ont elles aussi changé énormément. Toutefois, nous pouvons encore aujourd’hui miser sur la gratitude comme stratégie de survie.

Les stagiaires de CNC en Nouvelle-Écosse Matt Nettle et Jill Ramsay sur un barrage de castor à un site près de Yarmouth, N.-É. (Photo de Sam Ceci/CNC)

Les stagiaires de CNC en Nouvelle-Écosse Matt Nettle et Jill Ramsay sur un barrage de castor à un site près de Yarmouth, N.-É. (Photo de Sam Ceci/CNC)

En tant que stagiaire en intendance à Conservation de la nature Canada (CNC) en Nouvelle-Écosse, j’ai plusieurs rôles et responsabilités qui m’amènent à travailler sur le terrain. De Yarmouth au Cap-Breton, j’ai eu l’occasion de donner un coup de main à l’équipe d’intendance en participant à la surveillance d’innombrables sites protégés par l’organisation.

J’ai traversé des forêts Wabanaki (acadiennes), franchi avec prudence des barrages de castors en activité et gravi des pentes de gypse ravinées par l’érosion. J’ai pu observer des oiseaux de passage, qui s’étaient accidentellement écartés de leur voie migratoire, et appris à différencier les chants d’une multitude d’espèces habituées des bois. J’ai travaillé avec des gens de la communauté pour sensibiliser la population à l’importance de protéger des secteurs fragiles et ressenti la joie qui nous habite lorsqu’on agit ensemble pour contribuer à la conservation de milieux naturels. Bien entendu, ce ne sont là que quelques exemples bien choisis du travail que j’ai effectué cet été et, bien que je sois très reconnaissante d’avoir pu vivre de telles aventures, elles ne sont pas entièrement représentatives ce qu’est l’expérience sur le terrain.

Gros plan d'une paroi de roche gypseuse au site Cains Mountain de CNC au Cap-Breton, N.-É. (Photo de Jill Ramsay/CNC)

Gros plan d'une paroi de roche gypseuse au site Cains Mountain de CNC au Cap-Breton, N.-É. (Photo de Jill Ramsay/CNC)

En vérité, travailler sur le terrain peut être vraiment difficile. Il y a ce côté dont on parle moins, par exemple les plantes vénéneuses et les piqûres d’insectes à chaque pas, alors que vous vous frayez un chemin dans des fourrés marécageux et humides et que la température ambiante atteint 30 °C. Vos chaussettes détrempées qui frottent sur vos ampoules à vif tandis que vous traversez de peine et de misère des forêts inconcevablement denses et escaladez des pentes sans le moindre signe de clairière en vue. Le déchirement ressenti en traversant des zones de coupe à blanc depuis longtemps délaissées, à jamais altérées et marquées par les activités humaines, ou en tombant sur une parcelle balisée de plantes envahissantes qui n’a cessé de s’étendre et de supplanter la précieuse flore indigène. Il arrive de vivre sur le terrain des moments très éprouvants physiquement et mentalement.

Ces moments difficiles me ramènent toujours à l’idée que la gratitude est une stratégie de survie. Chaque fois que nous mettons de côté notre propre confort pour le bien-être du monde naturel, nous amorçons une forme d’échange avec la Terre. Nous pouvons investir notre persévérance, notre énergie et notre résilience dans les efforts de conservation en sachant que nous serons en retour récompensés par les expériences et les enseignements magnifiques et magiques que le monde naturel continue de nous offrir. C’est un échange auquel je n’hésiterais jamais à prendre part, encore et encore.

Jill Ramsay empêtrée dans la végétation à l'un des sites de CNC dans la région de Port Joli, N.-É. (Photo de CNC)

Jill Ramsay empêtrée dans la végétation à l'un des sites de CNC dans la région de Port Joli, N.-É. (Photo de CNC)

Le travail de conservation accompli par les bénévoles et les membres du personnel de CNC améliore vraiment les choses. Nos efforts collectifs contribuent à maintenir le monde naturel en bonne santé de sorte que nous, de même que les espèces végétales et animales que nous côtoyons puissions continuer de profiter de tout ce que nous offre la nature. Même dans les moments les plus difficiles, je ressens une profonde gratitude de pouvoir participer à cette mission en tant que stagiaire.

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