Une merveille sur les Grands Lacs
Île Batchewana, Ont. (Photo de Gary McGuffin)
Par conor Mihell, journaliste primé et chargé de projet de création de contenu axé sur la nature basé à Sault Ste. Marie, en Ontario
Comme tant de gens de Sault Ste. Marie, en Ontario, de propriétaires de chalets sur le lac Supérieur et d’automobilistes circulant sur la Transcanadienne, l’île Batchewana occupe une place de choix dans mes souvenirs d’été. Je me souviens des pique-niques de mon enfance avec mes grands-parents au parc provincial Batchawana Bay et des journées de chaleur écrasante passées sur le sable brûlant, ponctuées de trempettes dans les eaux rafraîchissantes du lac Supérieur. Mon grand-père me montrait la grande île plate qui s’élevait comme un mirage vert au-dessus des eaux argentées. « Je ne pense pas que tu puisses nager jusque là-bas », lançait-il à la rigolade.
Sur le chemin du retour, toujours détrempés et rougis par le soleil, grand-père nous rappelait que c’était la même île qui se découpait à travers les rayons du soleil couchant dans les baies Harmony, Old Mill et Havilland, toutes situées dans la baie Batchawana. J’étais en train de prendre conscience de la taille de l’île Batchewana : une grande île, digne d’un grand lac.
Île Batchewana, Ont. (Photo de Robert Cormier)
Il m’a fallu quelques années pour m’y rendre enfin. Je commençais à travailler comme guide de kayak de mer et l’île Batchewana était une bonne destination pour les excursions d’une journée. Nous mettions nos embarcations à l’eau près de l’embouchure de la rivière Batchawana et naviguions dans les eaux peu profondes près des berges pour nous diriger vers le passage menant à l’île. La magnifique plage du côté de l’île semblait la plus proche de toutes les destinations exotiques. Nous traversions ensuite un rideau de grands roseaux, leurs feuilles douces nous caressant au passage, tout émerveillés par les motifs tracés dans le sable sous nos embarcations.
Arriver en kayak m’a donné une nouvelle perspective de la taille de l’île Batchewana. Après un kilomètre à pagayer parmi les roseaux, nous atteignions le passage peu profond menant à l’île, une bande de sable dont la largeur variait en fonction du niveau de l’eau. L’endroit était bucolique, avec sa forêt de feuillus verdoyante illuminée par la lumière du soleil filtrant depuis l’autre côté. Une courte promenade permettait de découvrir une vue totalement différente. Nous apercevions toujours des pygargues à tête blanche, de même que des grands hérons qui volaient depuis la colonie de nidification située au sud-est, dans les îles Flowerpot. Les oiseaux chanteurs voltigeaient et piaillaient partout dans les arbres. Une fois, de lourds pas dans la forêt ont précédé l’apparition d’une femelle orignal et de son petit. Une rencontre surprenante de part et d’autre!
Comme tant d’autres parties du lac Supérieur, l’île Batchewana présente un équilibre délicat de contraires. Des forêts luxuriantes et des côtes rudes, rabotées par les vagues. Des roseaux qui se balancent sous le ciel d’été et de forts courants rendant la glace hivernale très dangereuse. Après des années passées à faire du kayak de mer dans toutes les parties du lac, je suis toujours étonné de constater que l’île Batchewana abrite un éventail aussi riche d’habitats et d’espèces, avec une diversité qui n’est égalée que dans peu d’autres endroits des Grands Lacs.
Les gens de la région ont toujours célébré l’île comme étant la toile de fond de leurs lieux préférés. Je me réjouis des possibilités de recherche et de surveillance à long terme que permet la conservation de ce joyau naturel.
Bien que l’île Batchewana soit désormais protégée, le travail d’intendance se poursuit. Grâce à votre soutien, Conservation de la nature Canada pourra prendre soin de cet endroit d’exception pour les générations à venir.
