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Une impression indélébile

Écrevisse à rostre caréné (Photo de mahoonta, CC BY-NC 4.0)

Écrevisse à rostre caréné (Photo de mahoonta, CC BY-NC 4.0)

par Laura Robson, gestionnaire, Science et intendance à CNC pour l'Ontario

À l’approche du Grand BioBlitz de Conservation de la nature Canada (CNC), je me suis mise à réfléchir à comment ma vie s’est enrichie depuis que j’ai appris à mieux connaître les espèces sauvages qui m’entourent. Sur le terrain, en Ontario, j’ai souvent eu besoin de savoir identifier des espèces importantes, mais au-delà de cette nécessité liée à mon travail, prendre le temps d’observer la vie sauvage autour de moi a aussi renforcé mon amour de la nature. Dans certains cas, voir une espèce à plusieurs reprises a marqué mon esprit de manière indélébile!

En savoir plus sur la biodiversité autour de moi renforce mon lien à la nature. Pour moi, apprendre à identifier une nouvelle espèce veut dire prendre une pause au cours de ma randonnée pour observer attentivement ses caractéristiques physiques, son habitat et son comportement. Cela m’a parfois permis d’apprendre bien plus que son nom, comme : sa période de floraison, son alimentation, son cycle de vie ou encore son aire de répartition. Cette espèce devient alors bien plus qu’un simple élément du paysage, elle est une histoire à suivre et à raconter lors de mes prochaines randonnées.

Certaines espèces ont pris une place de choix dans mon esprit et sont devenues impossibles à ne pas voir. Mon premier superviseur dans le domaine appelait ce phénomène l’« acquisition d’une image de recherche » (« developing a search image »). J’ai réalisé que cela m’était arrivé de nombreuses fois auparavant, et je suis sûre que cela vous est arrivé à vous aussi!

Dompte-venin de Russie avec gousses (Photo de Samuel Brinker, CC BY-NC 4.0)

Dompte-venin de Russie avec gousses (Photo de Samuel Brinker, CC BY-NC 4.0)

Par exemple, lorsque j’étais enfant, ma sœur et moi adorions chercher des écrevisses dans les eaux peu profondes d’un lac rocailleux. Nous retournions une pierre après l’autre en regardant les écrevisses reculer à toute vitesse. Elles étaient si bien camouflées qu’elles semblaient disparaître dès qu’elles arrêtaient de bouger. Je me souviens qu’en me couchant le soir, je voyais encore des pierres et des écrevisses, comme un film projeté dans ma tête.

Mon premier travail sur le terrain avec CNC consistait à recenser des frênes bleus, une espèce aujourd’hui menacée, dans le Parc national de la Pointe-Pelée. Comme les forêts caroliniennes qui s’y trouvent abritent plusieurs essences de frênes, nous avons d’abord dû apprendre à les différencier (heureusement, le frêne bleu possède quelques caractéristiques uniques). Puis, il a fallu savoir les distinguer dans la végétation dense, et ce, qu’ils soient au stade de semis ou d’arbre adulte identifiable par leurs feuilles au sein d’une canopée (étage supérieur d’une forêt) à 20 mètres de hauteur. Après seulement quelques jours, nous avons aperçu un jeune frêne bleu qui semblait briller d’un vert différent de la végétation qui l’entourait, comme un phare attirant notre attention.

Lorsque je travaillais dans l’alvar de Carden, l’une de nos tâches prioritaires chaque été était de cartographier le dompte-venin de Russie et d’endiguer sa propagation. Cette plante envahissante peut supplanter la végétation indigène de cet écosystème qui est rare à l’échelle mondiale. Notre amour pour l’alvar nous a poussés à rechercher tous les plants que nous pouvions trouver pour limiter sa population. J’ai ainsi passé de nombreuses semaines chaque année à l’affût du dompte-venin de Russie, et l’image de cette plante à tous les stades de son développement est gravée à jamais dans mon esprit. Encore maintenant, je remarque immédiatement une parcelle en bordure de route lorsque je file en voiture ou à vélo.

Amélanchier arborescent (Photo by Carolyn, CC BY-NC 4.0)

Amélanchier arborescent (Photo by Carolyn, CC BY-NC 4.0)

Je pense que ce type de motivation peut transformer l’identification d’espèces en une véritable obsession. Ma collègue a raconté qu’elle rêvait d’herbes de jardin qui dansaient! À l’âge de quatre ans, mon fils savait détecter des amélanchiers au centre-ville de Kitchener. Deux ans plus tard, il peut encore nous guider dans des excursions à vélo pour récolter des baies à savourer.

Tout le monde ne rêve pas de s’endormir sur des images mentales d’écrevisses, mais j’espère que le Grand BioBlitz de CNC encouragera les gens à jeter un regard neuf sur les champignons, les arbustes ou les coléoptères qu’ils croisent. Il se passe plein de choses complexes et d’un intérêt extraordinaire autour de nous; tout ce que nous avons à faire, c’est d’y prêter attention.

Grand BioBlitz de CNC

Du 3 au 7 août 2023, rejoignez des milliers de « bioblitzeurs » et « bioblitzeuses » novices et spécialistes de partout ay pays. C’est un excellent moyen de se rapprocher de la nature et de contribuer à la protection des espèces qui vous sont chères!

Vous n’avez besoin que d’un téléphone mobile, d’une tablette ou d’un appareil photo. Où que vous soyez, prenez des photos de plantes, d’animaux, d’insectes et d’autres créatures. Publiez ensuite vos observations pour aider les scientifiques à faire l’inventaire de la biodiversité de votre région, à suivre les espèces rares et à lutter contre les espèces envahissantes.

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