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Lutter contre le roseau commun dans la baie Georgienne

Séchage de roseaux communs, Baie Georgienne, Ont. (Photo de Sara Meyer/CNC)

Séchage de roseaux communs, Baie Georgienne, Ont. (Photo de Sara Meyer/CNC)

 par Amanda Henderson, stagiaire en conservation pour CNC en Ontario.

Au printemps 2022, quand j’ai commencé à travailler à Conservation de la nature Canada (CNC), mes connaissances sur le roseau commun, une espèce envahissante aussi connue sous le nom de « phragmite », étaient limitées, de même que son impact grave sur nos écosystèmes indigènes et les innombrables plantes et animaux qu’il affecte. Au cours de l’été, j’ai toutefois vite compris à quel point cette plante est envahissante. Pour savoir comment lutter contre elle, j’ai participé à la « Phrag Week », un événement annuel d’une semaine organisé par l’équipe de CNC de l’ouest et du centre de l’Ontario, où avait lieu mon stage. Au cours de cette activité, nous nous sommes tous rendus sur la côte est de la baie Georgienne pour y éliminer du roseau commun en collaboration avec des partenaires en conservation de CNC.

Pour me préparer, je me suis renseignée sur l’espèce. Le Phragmites australis aurait fait son apparition en Amérique du Nord au début du 20e siècle et s’est depuis répandu partout sur le continent. Même si l’on ne connaît pas avec certitude les circonstances entourant son arrivée au Canada, une chose est certaine : cette espèce est très envahissante! Bien que les milieux humides soient son habitat de prédilection, le roseau commun prolifère également dans les milieux naturels récemment perturbés, comme les fossés creusés par les activités humaines et en bordure de routes. Il faut peu de temps à cette plante pour s’établir, et une fois chose faite, elle peut supplanter les espèces végétales indigènes, nuire aux activités récréatives et même rendre nos routes plus dangereuses en obstruant notre champ de vision.

Il va sans dire que le roseau commun est hors de contrôle. Alors, comment reprendre le dessus? Tout d’abord, il faut s’assurer de contrôler la variété envahissante de l’espèce. Pour ce faire, j’ai dû apprendre à l’identifier. Les caractéristiques à surveiller pour reconnaître le roseau commun sont de vastes et denses peuplements de plants de 3 à 6 mètres de haut, de couleur allant du vert au bleu vert. En août, ces plants produisent des porte-graines duveteux et de grandes tailles, un autre indice permettant de les reconnaître facilement.

Personnel et bénévoles de CNC s'affairant au contrôle du roseau commun, Baie Georgienne, Ont. (Photo de Sara Meyer/CNC)

Personnel et bénévoles de CNC s'affairant au contrôle du roseau commun, Baie Georgienne, Ont. (Photo de Sara Meyer/CNC)

Une fois qu’une parcelle de roseau commun envahissant est repérée, il existe deux méthodes principales pour en assurer le contrôle : chimique et mécanique. La méthode chimique consiste à pulvériser la plante avec des herbicides, ce qui s’avère très efficace. En cas d’indisponibilité ou d’impossibilité d’utiliser des herbicides, la méthode de lutte mécanique est également efficace, et c’est précisément celle que nous avons utilisée lors de la « Phrag Week ».

Nous nous sommes donc rendus dans la baie Georgienne afin de rejoindre nos deux organisations partenaires : Georgian Bay Forever et la Georgian Bay Land Trust. Notre objectif commun était de contrôler les peuplements de roseaux communs semi-immergés, en utilisant la méthode de contrôle mécanique « couper pour noyer » (“cut-to-drown”), qui est simple, et efficace. Nous avons donc utilisé des coupe-cannes pour framboisiers pour couper les tiges de roseaux communs sous l’eau, aussi près que possible de leur base, puis nous les avons empilés sur le rivage pour qu’elles sèchent et meurent. Cette méthode, qui a essentiellement pour effet de noyer les racines de la plante (par lesquelles elle se propage), est particulièrement efficace à la fin de l’été, lorsque  la majeure partie de l’énergie de la plante est consacrée à la formation de tiges porte-graines plutôt qu’à celle de racines. Il est toutefois important de revenir sur place chaque année pour veiller à éliminer toute nouvelle croissance.

J’ai aussi appris que des méthodes de contrôle mécanique des roseaux qui poussent hors de l’eau sont beaucoup moins efficaces et que certaines d’entre elles peuvent même accélérer la propagation de l’espèce! Durant l’activité, j’ai également découvert à quel point les efforts de lutte contre les espèces envahissantes déployés dans la baie Georgienne par d’autres organismes de protection de la nature sont importants, et combien il est essentiel que tous contribuent pour aider à combattre ce fléau.

Le contrôle du roseau commun : un travail d’équipe

Heureusement, CNC s’affaire à établir des liens avec une variété d’organisations et de municipalités pour lutter contre le roseau commun. J’ai d’ailleurs participé à l’élaboration d’une carte répertoriant la présence de roseaux communs envahissants le long de la côte est de la baie Georgienne, ce qui nous a amenés, mon superviseur et moi, à passer d’innombrables heures à parcourir les routes de la région à sa recherche.

Pour ce faire, nous avons dû enfiler nos lunettes de « chasse aux roseaux ». Non, il n’existe pas véritablement de lunettes facilitant le repérage de l’espèce, bien que cela aurait été très pratique! Nous avons tout simplement constaté qu’une fois que l’on se met à la recherche de cette plante, il est difficile d’arrêter d’en trouver! Maintenant, partout où nous allons, nous nous mettons automatiquement à sa recherche, parce qu’une fois équipés de nos « lunettes », impossible de les enlever!

Nos efforts pour contrôler la présence de roseau commun envahissant n’auraient pas été possibles sans la générosité de nos bailleurs de fonds, en particulier la Ganawenim Meshkiki's Eastern Georgian Bay Initiative, et celle de nos formidables bénévoles et partenaires en conservation. Alors que cette espèce envahissante continue d’apparaître dans de plus en plus d’endroits et de se répandre un peu partout, j’ai pu réaliser que lorsque l’ensemble des membres d’une collectivité se mobilisent, il devient possible de remporter la lutte contre cet envahisseur.

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