facebook

Introduction à la science derrière la migration des oiseaux au Canada

Paruline à couronne rousse (Photo de Marshall Faintich)

Paruline à couronne rousse (Photo de Marshall Faintich)

Par Aranya Iyer (bio en anglais)

Les oiseaux se déplacent. En réalité, ils font encore mieux, car la plupart volent! Les distances que peuvent parcourir ces petites bêtes sont impressionnantes. Pouvez-vous seulement imaginer la beauté des paysages qui s’offre à un oiseau quand il vole de l’Amérique du Sud jusqu’au Canada? C’est certainement mieux que de regarder par n’importe quel hublot d’avion! Mais quelle est la science qui se cache derrière tout cela?

Qu'est-ce que la migration?

La migration peut être décrite comme le comportement saisonnier qu’adoptent des animaux qui se déplacent d’un endroit à un autre pour compléter leur cycle de vie.

Grive solitaire (Photo de Mohan Iyer)

Grive solitaire (Photo de Mohan Iyer)

Le Canada abrite sur une base saisonnière de nombreux oiseaux migrateurs effectuant de remarquables périples. Le traquet motteux en est un bon exemple. Cet oiseau niche dans l’est de l’Arctique canadien et se rend jusqu’aux collines sablonneuses de l’Afrique de l’Ouest en traversant d’abord le Groenland puis le Royaume-Uni. N’oublions pas la paruline rayée, qui ne pèse que 12 à 13 grammes (l’équivalent de 4 sachets de thé), qui entreprend en automne un formidable voyage sans escale, pour relier la forêt boréale canadienne à son aire d’hivernage à l’est des Andes, en Amérique du Sud.  

Ces deux oiseaux, bien que très différents quant au choix de leur destination hivernale finale, sont tous deux des espèces qui migrent sur de longues distances, ce qui les amène généralement à traverser des frontières nationales. La migration sur de longues distances est souvent provoquée par des indices saisonniers (p. ex. la durée d’une journée), alors que la migration sur de courtes distances peut varier en fonctions d’indices qui changent d’une année à l’autre (p. ex. la température). Parfois, les espèces qui migrent sur de courtes distances peuvent rester dans un même pays, surtout s’il est aussi vaste que le Canada. La migration altitudinale est un type particulier de migration sur une courte distance qui se produit dans les régions montagneuses où les oiseaux demeurent dans une même localité, mais se trouvent à différentes altitudes au cours des différentes saisons.

Il est probable qu’au moins 20 % des oiseaux terrestres d’Amérique du Nord, comme le pic à poitrine rouge, effectuent ce type de migration.

Quels oiseaux migrent?

Au Canada, on compte plus de 400 espèces d’oiseaux migrateurs. En réalité, la plupart des oiseaux du pays migrent : des canards aux hérons en passant par les bruants et les parulines.

Carouge à épaulettes, Milieu humide de Brighton, Est du lac Ontario, Ont. (Photo de David Coulson)

Carouge à épaulettes, Milieu humide de Brighton, Est du lac Ontario, Ont. (Photo de David Coulson)

Comme mentionné plus haut, ce ne sont pas tous les oiseaux migrateurs qui quittent le Canada. En effet, certaines populations qui migrent sur de courtes distances passent leurs hivers dans les régions où il fait plus doux, dans le sud du Canada, et se déplacent plus au nord, dans la région boréale et arctique canadienne, à l’arrivée du printemps. Le junco ardoisé, le bruant des neiges et l’eider à tête grise en sont des exemples. Cependant, les groupes d’oiseaux migrateurs les plus connus se déplacent depuis le sud des États-Unis, l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud pour aller nicher dans leurs aires de reproductions au Canada. Parmi ces groupes, on compte un grand nombre d’espèces de parulines, de moucherolles et de colibris.

Quand migrent les oiseaux?

Les espèces qui migrent très tôt au printemps (p. ex. le carouge à épaulettes) arrivent au Canada dès la fin mars. Les flux majeurs d’autres oiseaux chanteurs surviennent généralement vers la mi-mai. Après une courte et intense période de reproduction, les oiseaux repartent vers leurs aires d’hivernage, et ce, dès le mois d’août. Selon la durée de leur périple migratoire, certaines espèces de sauvagines peuvent attendre que les lacs et les étangs commencent à geler avant de migrer pour l’hiver.

La migration se déroule également en plusieurs étapes tout au long de la journée, puisque certaines espèces sont des migrateurs nocturnes et d’autres diurnes (le jour). Plus spécifiquement, les oiseaux de proie migrent pendant la journée pour profiter de conditions éoliennes uniques, comme les courants thermiques, qui les aident à parcourir de longues distances en minimisant leurs dépenses énergétiques.

Où ont lieu les migrations?

Les migrations se produisent sur tous les continents, même en Antarctique. Par exemple, la sterne arctique entreprend une migration de type circumpolaire (d’un pôle à l’autre), en passant par le nord de l’Arctique canadien jusqu’à la pointe de l’Antarctique.

Junco ardoisé (Photo de Jeff Nadler)

Junco ardoisé (Photo de Jeff Nadler)

Ces migrations ne sont pas simplement une course vers un fil d’arrivée! De nombreux oiseaux ont en effet besoin de sites où se poser pendant leur migration. Je fais ici référence à des haltes migratoires. Voyez-les comme les escales dans les aéroports : ce sont des arrêts qui permettent aux oiseaux de se nourrir et de faire le plein de carburant pour avoir l’énergie nécessaire pour continuer à voler pendant la prochaine étape de leur périple. Plusieurs propriétés de Conservation de la nature Canada d’un peu partout au pays sont des sites de choix pour admirer les oiseaux pendant leurs escales. Visitez des sites comme Johnson’s Mills au Nouveau-Brunswick et celui de l’île Pelée en Ontario pour y assister à l’activité intense des oiseaux et pour apprendre sur l’histoire naturelle dans leurs centres d’interprétation respectifs.

Pourquoi les oiseaux migrent-ils?

Les chercheurs se penchent sur cette question depuis des lustres et nous n’avons toujours pas un portrait global du phénomène. En résumé, les deux raisons principales seraient  : (1) pour échapper aux hivers rigoureux de l’hémisphère nord en volant vers le sud et (2) pour revenir dans l’hémisphère nord lors de la saison de reproduction et profiter des ressources abondantes d’endroits comme la forêt boréale canadienne.

La migration est une activité complexe qui demande beaucoup d’énergie; de nombreuses études révèlent de nouvelles façons créatives d’explorer ce sujet. Une d’elles est l’élaboration de modèles informatiques qui permettent non seulement de rassembler des données historiques, mais aussi de prédire des scénarios futurs. Récemment, un article scientifique suggérait qu’historiquement, la migration des espèces aurait été une option très économe sur le plan énergétique. Dans le « monde virtuel » créé par une équipe de recherche, c’est à une époque où la population aviaire des tropiques augmentait que les oiseaux auraient commencé à migrer de ces régions riches en ressources à l’année pour se rendre vers l’hémisphère nord, où les ressources abondent sur une base saisonnière. C’est grâce à des études aussi innovantes que nous disposons d’un meilleur cadre pour comprendre les origines de la migration.

Comment les oiseaux migrent-ils?

Il existe de nombreuses façons de répondre à cette question. Nous pourrions certainement nous intéresser à l’anatomie et à la physiologie des oiseaux pour comprendre comment leur corps a évolué pour leur permettre d’accomplir ce marathon deux fois par année. De mon côté, ce qui m’intéresse, c’est de découvrir comment les oiseaux se déplacent à travers les continents sans GPS!

Il est possible qu’une partie du « processus décisionnel » d’un oiseau pendant la migration soit gouverné par une composante innée et génétique qui fait en sorte qu’il se dirige instinctivement dans une direction à un moment précis de l’année. Il se peut également que les oiseaux utilisent des indices de navigation externes pour atteindre destination. Par exemple, les oiseaux peuvent capter des signaux d’autres individus de leur groupe migratoire lorsqu’ils sont en déplacement (pensez au fameux V des outardesen migration).

Les espèces qui ne migrent pas en volées peuvent se fier sur des repères visuels pour s’orienter en reconnaissant des éléments clés du paysage ou en suivant les côtes. S’orienter par rapport au soleil ou aux étoiles peut aussi les aider à garder le cap lors de leurs déplacements. Mais le plus étonnant, c’est que les oiseaux pourraient aussi utiliser des indices invisibles, comme les odeurs et le champ magnétique de la Terre, pour connaître leur position exacte et compter sur ces informations pour orienter leur déplacement.

La migration des oiseaux est un sujet fascinant. Contribuer à la conservation des espèces migratrices n’est pas seulement un pas dans la bonne direction pour aider les millions d’oiseaux de passage dans des arrière-cours au Canada; cela représente aussi un pas encore plus important en faveur de la protection de ce phénomène magique qu’est la migration.

Découvrez comment vous pouvez aider les oiseaux en relevant ce défi des Petits gestes de conservation.

Liens d’intérêt (en anglais)

At least 20 per cent of North American landbirds

Pelee Island in Ontario

Energy efficiency drives the global seasonal distribution of birds

Pleins feux sur nos partenaires

Petits Gestes de Conservation - Participez et gagnez!