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Le charme de la forêt carolinienne

Backus Woods, Ontario. Un des plus beau exemple de forêt carolinienne ancienne au pays (Photo de Ann Tipper et Zach Melnick)

Backus Woods, Ontario. Un des plus beau exemple de forêt carolinienne ancienne au pays (Photo de Ann Tipper et Zach Melnick)

Par Brock Hussey, stagiaire en conservation à CNC en Ontario

Les États du sud des États-Unis, comme la Caroline du Nord et du Sud, abritent des espaces sauvages remplis de grands feuillus dansant au gré des vents chauds. Dans ces régions où le sol ne gèle pas avant la fin de l’automne, on retrouve une abondance de reptiles et d’amphibiens qui se déplacent entre les marais et les marécages ainsi que des espèces végétales comme le sassafras officinal, le chicot févier et l’oponce de l’Est. Mais saviez-vous que le Canada abrite également ce type d’habitat? En effet, la rive nord du lac Érié, dans le sud de l’Ontario, est le seul endroit au pays où l’on peut trouver cet écosystème particulier. Appelée « zone biologique carolinienne », cette région ne représente qu’un pour cent de la superficie totale du Canada, soit une infime partie de notre vaste territoire.

La zone biologique carolinienne tire son nom des forêts de feuillus que l’on retrouve dans les États de l’Est, comme la Caroline du Nord et du Sud. Caractérisée par une mince bande de sol sablonneux et des températures clémentes, cette zone est la limite septentrionale des grandes forêts de feuillus, qui sont plus communes au sud. C’est dans cette région que j’ai eu le privilège de grandir. Au sein d’un des écosystèmes les plus diversifiés du Canada, j’ai joué dans les sous-bois, nagé dans des ruisseaux d’eau froide et grimpé à des arbres imposants qui nourrissaient mon imagination. Deux espèces d’arbres de la forêt carolinienne se sont taillé une place toute spéciale dans mon cœur depuis que je passe plus de temps dans des endroits où elles sont plus présentes, comme Backus Woods, dans le comté de Norfolk. Il s’agit du sassafras officinal et du tulipier de Virginie.

Je suis toujours très heureux de les croiser sur les sentiers. Il faut dire que cette région dans laquelle je travaille et que j’explore abrite plus de 70 espèces d’arbres; je suis donc ravi que quelques-unes soient plus faciles à identifier! En effet, il suffit de jeter un rapide coup d’œil au feuillage du sassafras officinal et du tulipier de Virginie pour les reconnaître. Ces deux espèces sont habillées de feuilles particulières qui se remarquent facilement, et ce, même si la canopée forestière est dense.

Tulipier de Virginie (Photo de CNC)

Tulipier de Virginie (Photo de CNC)

Mesurant de sept à douze centimètres, la feuille du tulipier de Virginie est droite à l’extrémité et dotée de quatre lobes dans la partie inférieure. Cela peut sembler vague, mais quand on les regarde avec un œil d’enfant, les feuilles ressemblent beaucoup à la silhouette de Sylvestre le chat, un personnage emblématique de l’univers des Looney Tunes. Outre ses feuilles uniques qui deviennent jaune doré à l’automne, ses fleurs jaune-vert et orange constituent une attraction incontournable de la région. Elles sont d’ailleurs souvent visibles de loin, car l’espèce peut atteindre 35 mètres de haut une fois arrivée à maturité.

Bien qu’il soit plus petit et moins frappant que le tulipier de Virginie, le sassafras officinal, mon autre espèce préférée, dégage une odeur tout à fait mémorable. Lorsqu’on les froisse ou déchire, ses feuilles répandent des effluves épicés ou citronnés. J’adore ces arômes, qui me rappellent les céréales Froot Loops.

Sassafras officinal (Photo de CNC)

Sassafras officinal (Photo de CNC)

Prospère autant dans les milieux ombragés qu’ensoleillés, le sassafras officinal est un arbre versatile de sous-étage qui pousse dans les sols humides à secs. Lorsqu’il atteint la maturité, ses graines se dispersent et des talles sont ainsi formées dans le secteur environnant. Il est d’ailleurs commun d’observer des îlots de ces arbres extraordinaires dans la zone biologique carolinienne, près de la rive du lac Érié. Comme je l’ai déjà mentionné, les feuilles du sassafras officinal se démarquent au sein des nombreuses branches qui s’étirent en quête de lumière dans les forêts de feuillus. Fait étonnant, on peut retrouver jusqu’à quatre formes de feuilles différentes sur la même branche! Elles peuvent être ovales (non lobées), bilobées en forme de mitaine (gauche ou droite) ou encore trilobées en forme de trident.

Comme le sassafras officinal et le tulipier de Virginie sont deux des espèces d’arbres les moins communes de la zone carolinienne, c’est toujours un bonheur d’avoir la chance de les observer prospérer dans la nature. On les retrouve sur de nombreux sites de Conservation de la nature Canada dans le comté de Norfolk, en Ontario. J’encourage autant les gens du coin que les touristes à venir découvrir les milieux riches en biodiversité de la zone biologique carolinienne lors d’une randonnée. Gardez l’œil ouvert et tentez de repérer ces deux espèces remarquables que j’affectionne particulièrement.

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