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La lumière artificielle de nuit, un fléau pour les oiseaux

Ciel de nuit, Toronto, Ont. (Photo de Roberto Nickson from Pexels)

Ciel de nuit, Toronto, Ont. (Photo de Roberto Nickson from Pexels)

Par Sarah Ludlow, coordonnatrice en science de la conservation-SIG à CNC, région de la Saskatchewan

Depuis la découverte du feu, l’humanité n’a cessé de chercher à repousser l’obscurité et à prolonger la durée du jour. Le faisceau lumineux des phares a mené à bon port d’innombrables bateaux en leur permettant d’éviter écueils et rivages tourmentés. Symbole de vie et de bonté, la lumière a inspiré d’innombrables poèmes et chansons au fil des siècles. Et pour bien des gens, un bon feu qui brûle dans l’âtre évoque la chaleur, la sécurité et le confort du foyer.

Au cours d’une période relativement courte de son histoire, l’humanité a perfectionné l’art de créer de la lumière et de nos jours, les diodes électroluminescentes (DEL) ultra-performantes sont désormais chose courante. Toutefois, le halo lumineux des villes perturbe de plus en plus le ciel nocturne. Le rythme des progrès technologiques dépasse bien souvent les capacités d’adaptation du monde naturel, et les progrès rapides dans le domaine de l’éclairage artificiel ne sont pas une exception. Or, toutes les espèces ont évolué en fonction du cycle jour-nuit, et leurs horloges internes (rythmes circadiens) sont réglées en conséquence. De nombreux êtres vivants requièrent un équilibre bien précis entre lumière et noirceur pour le bon fonctionnement de leurs cycles physiologiques et comportementaux.

Lampadaire (Photo de Vitaly Vlasov de Pexels)

Lampadaire (Photo de Vitaly Vlasov de Pexels)

Des problèmes surviennent lorsque ces cycles naturels sont perturbés et que les comportements d’adaptation des espèces ne leur sont plus utiles parce que leur environnement a été altéré (p. ex. quand les nuits ne sont plus assez obscures). C’est pourquoi la lumière artificielle de nuit, qui perturbe les processus biologiques, est considérée comme une forme de pollution lumineuse.

Chez les oiseaux qui y sont exposés, elle peut déclencher des comportements de reproduction ou la mue (remplacement des anciennes plumes par de nouvelles) plus tôt que chez leurs congénères qui vivent là où l’obscurité est plus complète la nuit. Hâter la saison des amours peut être avantageux en prolongeant la période de reproduction. Toutefois, cet avantage peut être moins important ou même nul si le cycle habituel de reproduction coïncide avec d’autres facteurs environnementaux qui favorisent la survie des oisillons ou des oiseaux adultes (p. ex., si les œufs éclosent pendant la phase chenille du cycle de vie des papillons, assurant ainsi une abondance de nourriture).

Oiseaux piégés dans deux faisceaux lumineux (Photo de B. Tofte-Schumacher/Wikimedia Commons)

Oiseaux piégés dans deux faisceaux lumineux (Photo de B. Tofte-Schumacher/Wikimedia Commons)

De nombreuses espèces aviaires migrent la nuit et sont attirées par la lumière. L’éclairage des immeubles est donc un facteur important des collisions entre les oiseaux et les bâtiments. Celles-ci causent la mort de millions d’oiseaux chaque année en Amérique du Nord et rendent un dangereux périple migratoire encore plus hasardeux. Les oiseaux peuvent aussi se trouver « piégés » dans un faisceau de lumière et, en évitant de sortir de la zone éclairée, ils peuvent mourir d’épuisement. Un exemple de cela est le monument commémorant les attentats du 11 septembre à New York composé de 88 projecteurs créant deux longs faisceaux lumineux et où les chercheurs ont documenté la présence d’oiseaux migrateurs piégés dans la lumière. Comme mesure d’atténuation, les projecteurs sont éteints pendant 20 minutes pour permettre aux oiseaux de se disperser quand ils atteignent le chiffre d’environ un millier à être « piégés ».

Heureusement, il y a une solution au problème de l’éclairage artificiel de nuit : éteindre! Plus particulièrement, éteindre les lumières des grands immeubles ou tirer les rideaux ou les stores pour garder la clarté à l’intérieur, surtout pendant les migrations du printemps et de l’automne, pour grandement réduire le nombre d’oiseaux entrant en collision avec des immeubles.

D’autres moyens de réduire l’éclairage artificiel de nuit :

  • Éteindre les ampoules extérieures et fermer les rideaux pour garder autant de lumière que possible à l’intérieur de votre domicile après la tombée de la nuit;
  • Installer des lumières à détecteur de mouvement à l’extérieur plutôt que de laisser une ampoule allumée toute la nuit;
  • Utiliser des lumières qui dirigent le faisceau lumineux vers le bas plutôt que vers le haut ou dans toutes les directions;
  • Apprenez-en plus sur des organismes comme FLAP Canada (Fatal Light Awareness Program, ou Programme-alerte aux lumières meurtrières – page en anglais).

Les bénévoles de FLAP Canada patrouillent aux abords des immeubles vitrés dans les villes où des organismes communautaires ou de défense de la nature ont adopté son programme. Ces patrouilles servent à trouver les oiseaux qui sont entrés en collision avec les immeubles et d’apporter les survivants à des refuges pour animaux. FLAP Canada recueille aussi des données sur les collisions entre oiseaux et immeubles; si un oiseau se heurte à votre fenêtre à la maison, vous pouvez le signaler sur le site de l’organisation. Des ressources sont aussi offertes pour vous aider à rendre vos fenêtres plus sécuritaires pour les oiseaux. Visitez birdsafe.ca (page en anglais).

Et pour terminer, vous pouvez en apprendre plus sur les réserves de ciel étoilé, des aires naturelles où des mesures sont en place pour protéger le ciel nocturne de la pollution lumineuse. De nombreux parcs nationaux et provinciaux sont désignés réserves de ciel étoilé, tout comme l’aire de conservation des prairies patrimoniales Old Man on His Back de CNC. Ce sont d’excellents endroits où observer les étoiles!

Découvrez d’autres moyens de rendre le ciel plus sécuritaire pour les oiseaux >

   

 

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