Prairies 101
Prairie à fétuque, Alb. (Photo de Leta Pezderic)
Qu’est-ce qu’un milieu de prairie?
Les milieux de prairies sont les héros méconnus de la nature. Ils cachent 90 % de leur biomasse sous terre dans des systèmes racinaires vastes et profonds. Et c’est là que résident leurs pouvoirs secrets :
- ils absorbent le dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère et en stockent des milliards de tonnes sous terre, ce qui contribue à atténuer les effets des changements climatiques;
- ils captent et filtrent de précieuses ressources hydriques, ce qui atténue les inondations et les sécheresses et fournit de l’eau potable à des milliers de collectivités;
- ils jouent un rôle primordial dans la sécurité alimentaire, et sont ainsi une composante essentielle des économies locales;
- ils abritent une variété étonnante de végétaux et d’animaux sauvages, qui sont de plus en plus menacés par la perte de leur habitat. p. ex., les populations d’oiseaux qui dépendent des prairies indigènes ont connu un déclin de 90 % depuis 1970;
- les cultures et récits des nombreuses communautés autochtones des prairies de l’Ouest sont intimement liés aux cycles naturels des Grandes Plaines d’Amérique du Nord.
Où se trouvent les milieux de prairies?
À l’échelle mondiale, les grandes étendues de prairies se situent surtout à l’intérieur des continents. On en trouve aussi des parcelles derrière les chaînes de montagnes qui ont reçu toutes les précipitations ainsi que sur des espaces sablonneux et secs. Les Prairies du Canada s’étendent de l’Alberta au Manitoba, en passant par la Saskatchewan. Elles représentent l’un des écosystèmes les plus menacés au monde.
Plus de 80 % de cet écosystème a déjà disparu, et ce qui en reste risque de disparaître pour toujours. Dans le temps qu’il vous faut pour regarder votre émission de télévision préférée, une superficie de prairies équivalant à 12 terrains de la Ligue canadienne de football est perdue en raison de la conversion des terres et de l’activité humaine. Cela représente 260 terrains par jour. Et 100 000 terrains (60 000 hectares) par année.
Conservation de la nature Canada (CNC) mobilise des individus et des collectivités pour que cet écosystème vital et menacé soit conservé et protégé. Le Plan d’action pour la conservation des Prairies de CNC mènera à la conservation de plus de 500 000 hectares d’ici 2030, soit une superficie 6 fois plus grande que Calgary (Alb.). C’est l’équivalent de ce qui sera perdu si nous n’agissons pas maintenant. C'est donc une occasion unique à saisir. Les partenariats sont au cœur de ce plan. CNC travaille avec des collectivités locales, des éleveurs et éleveuses de bétail et d’autres exploitant(e)s agricoles, et aussi en collaboration avec des communautés autochtones, des industries et des gouvernements, pour trouver des solutions qui garantissent que les milieux de prairies demeurent la fondation de collectivités prospères.
Chênes des teinturiers, plaines du lac Rice, Ontario (Photo de CNC)
Historiquement, les perturbations telles que le broutage et le feu ont aidé à rétablir et à protéger la santé des prairies. Ces perturbations contribuent aussi à la création d’une mosaïque d’habitats et offrent les conditions favorables à une plus grande diversité d’animaux et de végétaux, puisque certaines espèces ont besoin d’herbes plus courtes pour survivre, tandis que d’autres ont besoin d’herbes plus hautes.
La conservation de milieux de prairies a un impact durable sur la santé et le bien-être de la population canadienne, notamment en lui offrant des lieux de loisirs en pleine nature, ce qui a des bienfaits pour la santé mentale et physique. Grâce à une approche axée sur la science, nous pouvons conserver et prendre soin des prairies emblématiques du Canada. Pour en savoir plus sur cette initiative prioritaire et sur la manière d’y contribuer, visitez lesprairies.ca.
Quelles espèces habitent la prairie?
Chevêche des terriers (Photo de Don Dabbs)
Des centaines d’espèces, comme les pollinisateurs, le renard véloce, le bison des prairies et un incroyable éventail d’espèces d’oiseaux habitent les milieux de prairies. De nos jours, les oiseaux qui habitent les prairies constituent l’un des groupes d’oiseaux les plus menacés en Amérique du Nord, et ce, en raison de la perte de leur habitat. Parmi ceux-ci on compte des espèces comme le bruant à ventre noir, la chevêche des terriers (une chouette) et le bruant de Baird.
Faits saillants concernant certains projets menés par CNC dans les prairies
En Colombie-Britannique, CNC a travaillé en étroite collaboration avec des éleveuses et éleveurs pour protéger des milliers d’hectares de prairies parmi les plus productives de la province. Grâce à des projets menés dans les régions de l’Okanagan, de Thompson-Nicola et de Kootenay, CNC contribue à ce que l’habitat des prairies demeure inaltéré et non exploité afin de permettre aux espèces d’oiseaux migrateurs, de végétaux rares et de grands mammifères, comme le wapiti et le cerf-mulet, d’en profiter. Les terres des vallées de l’Okanagan sont d’importants corridors migratoires qu’empruntent de grands carnivores, comme le grizzly et le carcajou.
Astagache, Prairie à herbes hautes, Man. (Photo de CNC)
En Alberta, plus de 75 % des prairies mixtes de la province ont été converties en champs cultivés et en terres cultivables à l’année. De plus, seulement 17 % de sa prairie de fétuque d’origine subsiste. Le paysage du sud-est de l’Alberta est dominé par les prairies. CNC a déterminé des zones stratégiques détenant le plus grand potentiel en ce qui a trait au soutien qu’elles peuvent représenter pour les prairies dans l’avenir, y compris certaines des plus grandes étendues intactes de prairies indigènes de la province. Cela inclut les aires naturelles de la crête de la rivière Milk, du bassin de cette même rivière, du lac Pakowki et des hautes terres Cypress. Le sud-est de l’Alberta est une région d’importance pour les nombreuses espèces qui y vivent. En effet, l’antilope d’Amérique, le renard véloce, la buse rouilleuse et le tétras des armoises dépendent de l’habitat des prairies dans cette partie de la province. La région du lac Pakowki, désignée comme Zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO), abrite des oiseaux migrateurs qui traversent le sud-est de l’Alberta pour se rendre dans leurs aires de reproduction et d’hivernage.
En Saskatchewan, on estime que seuls 15 % des prairies indigènes d’origine demeurent inaltérées. Grâce à nos donatrices, donateurs, et partenaires, CNC y a conservé 198 219 hectares de terres et d’eaux d’importance écologique. Avec votre appui, nous continuerons d’œuvrer à la protection de ces remarquables milieux naturels. L’aire naturelle Buffalo Pound de CNC, qui comprend 866 hectares de prairies indigènes et 7 kilomètres de berges sur la rive nord du lac Buffalo Pound, en est un bon exemple. Ce lac est également d’une importance cruciale, puisqu’il stocke les réserves d’eau potable du quart de la population de la province, incluant celles de Regina et de Moose Jaw. Les prairies indigènes contribuent à filtrer l’eau qui s’y déverse, emmagasinent du carbone et retiennent les eaux de crue.
Ranch Sandstone, Crête de la rivière Milk, Alb. (Photo de CNC)
Au Manitoba,CNC œuvre à la protection des prairies à herbes hautes. Ce type de prairie s’étendait historiquement des environs de l’emplacement actuel de Winnipeg jusqu’au Texas, dans le sud des États-Unis. Aujourd’hui, au Canada, ses plus grandes étendues intactes se trouvent dans l’aire naturelle des prairies à herbes hautes, au Manitoba. La région abrite divers types d’habitats : prairies à herbes hautes humides et sèches, marais et tourbières, savanes et boisés denses, zones riveraines (berges) et rivières. Des milliers d’espèces fréquentent ces habitats, dont beaucoup figurent sur les listes nationales ou provinciales des espèces menacées. Plus de la moitié de la population manitobaine de platanthère blanchâtre de l’Ouest, une espèce d’orchidée menacée, se trouve dansl’aire naturelle des prairies à herbes hautes.
Pour plus d’informations sur les projets que CNC mène dans les prairies, visitez lesprairies.ca.