Conservation de la nature Canada coupe des arbres pour protéger une plante en péril en Montérégie
Conservation de la nature Canada (CNC) a retroussé ses manches et s’est équipé de haches afin d’assurer la survie d’une plante rare en Montérégie. Cet hiver, en abattant une plantation en monoculture de 1,3 hectare de pins rouges sur l’une de ses propriétés protégées à Saint-Anicet, CNC a contribué à la restauration de l’un des derniers habitats de l’aristide à rameaux basilaires au Québec.
L’aristide à rameaux basilaires est désignée menacée dans la province et en voie de disparition au Canada. Cette petite plante dunaire de la famille du blé croît en petites touffes dressées. Au Québec, on ne la trouve qu’à l’intérieur d’une zone de 15 km2, dans le sud-ouest du Haut-Saint-Laurent.
La plantation de conifères détruite était très pauvre en biodiversité, puisqu’il s’agissait d’une monoculture ayant très peu d’espèces dans son sous-bois. Puisque l’artistide ne tolère ni l’ombre des branches de pin ni l’accumulation de résidus végétaux au sol (comme les aiguilles), elle ne peut y prospérer. Qui plus est, cette plante indigène rare dépend de perturbations naturelles, comme les incendies ou les vents forts, pour le maintien de son milieu. Sans de tels phénomènes, des interventions humaines peuvent s’avérer nécessaires pour contribuer à son rétablissement.
CNC a donc retiré une partie de la plantation de pins rouges pour en récupérer le bois. La restauration de l’habitat vital de l’aristide pourrait en outre favoriser le rétablissement d’autres espèces rares de milieu dunaire, comme la monarde à tige velue et le trichostème fourchu. CNC assurera le suivi de la présence de l’aristide dans la parcelle visée, ainsi que d’autres espèces en situation précaire susceptibles d’y croître. Le suivi s’échelonnera sur une période de cinq ans.
Ces travaux sont rendus possibles grâce au soutien financier obtenu dans le cadre du Projet de partenariat pour les milieux naturels (PPMN), pour lequel le gouvernement du Québec a octroyé à CNC une aide financière de plus de 53 millions $.
Citations
« La conservation de nos espèces en situation précaire doit toujours être prise en compte dans la gestion des aires protégées. La restauration de l’habitat de l’une de ces espèces est donc une excellente nouvelle, d’autant plus que d’autres espèces indigènes pourront également en bénéficier. Merci à Conservation de la nature Canada pour l’important travail réalisé sur notre territoire. » –Benoit Charette, ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs et ministre responsable de la région des Laurentides
« Beaucoup se demandent ce qui peut justifier que Conservation de la nature Canada prenne la décision d’abattre des arbres pour cette petite plante. Il faut savoir que les pins ont été plantés dans l’habitat de l’aristide à rameaux basilaires et des autres plantes dunaires pensant que ce milieu était peu productif alors que c’est tout à fait l’inverse! C’est un milieu riche avec un fort potentiel pour la biodiversité. De plus, il s’agit d’une jeune plantation de pins en monoculture, qui autrement dit, ont une valeur écologique très faible. Sachez que cette décision permettra la restauration de l’habitat vital de l’aristide et qu’elle pourrait même permettre le rétablissement d’autres espèces rares. » – Julien Poisson, directeur de programmes, Conservation de la nature Canada
Faits saillants
- Les plantations en monoculture sont très faibles en biodiversité, voire nulles.
- On compte seulement 6 sous-populations d’aristide, situées à l’intérieur d’un territoire de 15 km2 au Québec.
- Parmi les causes majeures de son déclin, on note la rareté et la petite dimension des milieux qu’elle occupe. On compte parmi ceux-ci des sites sablonneux et dénudés laissés par l’ancienne mer de Champlain, ainsi que d’autres milieux restreints et isolés en Ontario.
- Les perturbations naturelles limitent la présence d’arbres dans l’habitat de l’aristide et le maintiennent dégagé.
À propos
Conservation de la nature Canada (CNC) est la force rassembleuse au pays pour la sauvegarde de la nature. Par la conservation permanente de vastes territoires, CNC apporte des solutions à la double crise du déclin rapide de la biodiversité et des changements climatiques. Partenaire de confiance, CNC œuvre aux côtés de particuliers, de communautés, d’entreprises et de gouvernements afin de protéger et veiller sur nos aires naturelles les plus importantes. Depuis 1962, CNC a mobilisé la population canadienne pour conserver et restaurer plus de 15 millions d’hectares. Au Québec, près de 50 000 hectares ont été protégés. Avec la nature, nous créons un monde prospère.
Le Projet de partenariat pour les milieux naturels (PPMN) est une subvention de plus de 53 millions de dollars échelonnée sur quatre ans, accordée par le gouvernement du Québec à Conservation de la nature Canada. Il prévoit, par l’établissement de partenariats financiers avec les organismes de conservation de la province, un soutien à la réalisation d’initiatives de conservation volontaire en vue d’assurer la protection de milieux naturels d’intérêt. Le PPMN vise ainsi à développer et à consolider le réseau québécois d’aires protégées situées en terres privées.
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