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Qu'est-ce qu'une polynie?

Narvals (Photo de Mario Cyr)

Narvals (Photo de Mario Cyr)

Une polynie* est une grande étendue d’eau libre entourée par la banquise. Il s’agit d’un phénomène naturel dont l’origine et le fonctionnement sont beaucoup plus complexes que ce que son apparence porte à croire. On en trouve à 23 endroits dans l’Arctique canadien.

Comment se forment les polynies?

Les polynies se forment de deux façons; dans les deux cas, la chaleur est en cause. Une polynie dite de chaleur sensible se forme lorsque l’eau se trouvant à la surface de la banquise se maintient à une température égale ou supérieure à 0 °C, ce qui empêche la glace de se former. Une polynie peut également se former sous l’effet du vent et des courants marins, qui détachent une partie de la banquise d’un point fixe, par exemple un littoral. Ce type de polynie, dite de chaleur latente, se trouve entre la partie détachée du point fixe et le point fixe. Les polynies sont de tailles différentes et variables au fil des saisons.

Comment un trou dans la glace favorise-t-il la vie marine?

De nombreuses espèces de l’Arctique sont adaptées à la vie sur la banquise, mais comme celle-ci recouvre une grande partie de l’océan Arctique en hiver, les espèces qui ont besoin d’eaux libres pour survivre dépendent des polynies et organisent leur vie autour d’elles. Les polynies sont l’un des écosystèmes les plus productifs de l’Arctique. Leurs eaux plus chaudes offrent un habitat au plancton qui est consommé par le saïda franc (aussi appelé morue polaire). Ce poisson est une précieuse source d’alimentation pour les narvals, les baleines et les morses. Pour ce qui est des ours blancs (ours polaires), ils chassent souvent les phoques le long des bords glacés des polynies. La richesse biologique des polynies bénéficie à l’ensemble de l’écosystème arctique, et leur disparition nuirait à toute la région.

La polynie des eaux du Nord, ou Pikialasorsuaq en langue inuite (ce qui signifie « grande remontée d’eau ») se situe entre le Canada et le Groenland. Il s’agit de la plus vaste polynie de l’Arctique. Elle sert de refuge aux mammifères marins, qui peuvent s’y nourrir et s’y reposer. Toutefois, ils ne sont pas les seuls à venir y festoyer. C’est aussi un sanctuaire pour des millions d’oiseaux de mer. Des populations de guillemots de Brünnich importantes à l’échelle mondiale se reproduisent dans des colonies côtières situées à proximité de la polynie et dépendent de ses eaux libres pour se nourrir au début de la saison de reproduction.

Les polynies ont aussi une grande importance culturelle pour de nombreux Inuits qui vivent dans ce qui est aujourd’hui le Canada et le Groenland. Elles leur servent de lieux de chasse et de rencontre pendant la glaciale saison hivernale.

Quelles menaces planent sur les polynies?

Les changements climatiques représentent la principale menace qui plane sur les polynies, car ils réduisent la taille de la banquise et affectent les courants marins. Le transport par bateau et le passage de brise-glaces représentent une autre menace, puisqu’ils perturbent la formation de la banquise.

Comment CNC protège-t-il cet habitat?

La conservation des polynies est essentielle pour les espèces sauvages et populations humaines qui en dépendent. Tallurutiup Imanga (aussi appelé détroit de Lancaster) est une zone au nord de l’île de Baffin qui abrite une polynie de chaleur latente, ce qui en fait l’une des régions les plus biologiquement productives de l’Arctique. On y trouve diverses espèces, dont l’ours blanc (ours polaire), le phoque, le narval, le béluga et la baleine boréale. Il s’agit aussi d’une route de migration pour des mammifères marins comme la baleine boréale et le narval, ainsi que pour différentes espèces d’oiseaux de mer, dont la mouette tridactyle.

Depuis des décennies, des communautés inuites et des organismes de conservation œuvrent à l’établissement de cette aire de conservation marine d’importance mondiale.

En 2016, Conservation de la nature Canada (CNC) a contribué à accélérer sa création en acceptant de recevoir de Shell Canada 30 permis d’exploration pétrolière et gazière en mer couvrant plus de 860 000 hectares au nord de l’île de Baffin, à l’entrée est du passage du Nord-Ouest et de Tallurutiup Imanga. Les permis ont ensuite été remis au gouvernement du Canada. Cela a permis d’agrandir l’aire de conservation marine selon les limites proposées par la Qiqiktani Inuit Association.

* « polynie » provient d’un mot russe qui signifie clairière (source : OQLF)

Lien d'intérêt (en anglais)

North Water Polynia (cartes et photos)

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