facebook
Grande tourbière de la Jacques-Cartier, QC (Photo de La Halte Studio)

Grande tourbière de la Jacques-Cartier, QC (Photo de La Halte Studio)

Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier - Une tourbière au cœur de recherches novatrices

Grande tourbière de la Jacques-Cartier, QC (Photo de La Halte Studio)

Grande tourbière de la Jacques-Cartier, QC (Photo de La Halte Studio)

La Grande tourbière de la Jacques-Cartier, à 40 km de route au nord-ouest de Québec, est pleine des secrets d’un passé lointain et d’un avenir durable. Malgré son appellation au singulier, ce vaste complexe de 660 hectares (6,6 km2) englobe de nombreux milieux humides, dont différents types de tourbières.

En 2023, Conservation de la nature Canada (CNC) a annoncé l’acquisition de 200 hectares au sein de ce milieu naturel exceptionnel. Au cours de cette même année, il est devenu le lieu de recherches porteuses d’avenir. L’un des partenaires de CNC, l’Université du Québec à Montréal (UQAM), y mène d’ailleurs une importante étude en lien avec la captation du carbone et les changements climatiques.

Une source de connaissance

Mesure de l’épaisseur de la tourbe (Photo de Roxanne Comtois, accompagnatrice sur le terrain, UQAM)

Mesure de l’épaisseur de la tourbe (Photo de Roxanne Comtois, accompagnatrice sur le terrain, UQAM)

Les tourbières sont des milieux naturels humides où s’accumulent d’épaisses couches de matière organique. Ces dépôts saturés d’eau ne se décomposent que partiellement et se transforment ainsi, au fil de milliers d’années, en tourbe.

La Grande tourbière de la Jacques-Cartier est l’un de ces impressionnants milieux d’âge vénérable.

Mais ce n’est pas tout! Ce vaste milieu humide est rare à un autre point de vue : il s’agit de l’une des dernières grandes tourbières peu perturbées par l’activité humaine dans le sud du Québec. Toutes ces caractéristiques en font le lieu idéal pour le projet de recherche mené par l’UQAM : la quantification et cartographie du carbone emmagasiné dans le dépôt de tourbe.

« Avec l’urgence climatique, on s’intéresse de plus en plus à la captation du carbone », explique Gabriel Magnan, chargé de cours. « Et les tourbières sont maintenant reconnues comme étant les milieux humides les plus efficaces à long terme pour capturer le carbone atmosphérique. »

Un premier résultat prometteur!

Mesure de l’épaisseur de la tourbe (Photo de Frédérique Turmel, stagiaire de premier cycle, UQAM)

Mesure de l’épaisseur de la tourbe (Photo de Frédérique Turmel, stagiaire de premier cycle, UQAM)

Pour quantifier les stocks de carbone contenus dans la Grande tourbière de la Jacques-Cartier, les scientifiques de l’UQAM commencent avec les portions externes de la tourbière – moins profondes que le centre et contenant donc moins de carbone – pour terminer au milieu. Les recherches ne font que commencer, mais déjà, l’équipe de l’UQAM entrevoit quelques résultats.

L’analyse d’un échantillon a permis à l’équipe de réaliser une première estimation : selon leurs calculs, la tourbière pourrait contenir 176,4 kg de carbone par mètre carré.

Ce cylindre de tourbe prélevé dans l’une des sections de tourbières boisées de la Grande tourbière de la Jacques-Cartier n’est pas forcément représentatif de l’ensemble de ce vaste complexe. Plusieurs autres échantillons seront donc prélevés pour une estimation plus juste. Néanmoins, ces résultats demeurent prometteurs.

« Selon nos données et celles d’autres équipes de recherche, cette valeur est parmi les plus élevées pour des tourbières boisées du sud du Québec », affirme Reno Bouchard, candidat à la maîtrise en sciences biologiques à l’UQAM et participant au projet.

Repenser l’aménagement du territoire

Échantillon de tourbe (Photo de Roxanne Comtois, accompagnatrice sur le terrain, UQAM)

Échantillon de tourbe (Photo de Roxanne Comtois, accompagnatrice sur le terrain, UQAM)

Le projet de recherche de l’UQAM va au-delà d’une estimation des stocks de carbone; il vise aussi à expliquer la naissance et le développement même des tourbières.

Ultimement, le projet doit fournir des données qui aideront à comprendre les tourbières et leur rôle dans la diminution des émissions de carbone, ainsi qu’à guider l’aménagement du territoire en vue d’atténuer les changements climatiques – un objectif qui passe notamment par la conservation.

« On veut éviter la perte des stocks de carbone existants, qui sont très, très importants », explique Gabriel Magnan. En effet, les tourbières du Québec contiennent plus de la moitié du stock de carbone terrestre de la province.

Protéger notre avenir

Ce projet vise à quantifier et cartographier, sur un horizon de trois ans, les réserves de carbone contenues dans les milieux humides du sud du Québec.

Entre-temps, CNC poursuivra ses efforts de conservation des tourbières d’importance du Québec, incluant la tourbière Jacques-Cartier.

Les recherches de l’équipe de l’UQAM en sont une nouvelle confirmation : conserver et étudier ces milieux fascinants sont des actions qui valent leur pesant d’or. À nous d’agir!

Le saviez-vous?

Hirondelle de rivage (Photo de Joanne Redwood/iNaturalist)

Hirondelle de rivage (Photo de Joanne Redwood/iNaturalist)

  •  Les tourbières sont des aires d’alimentation et de nidification pour la faune ailée, dont différentes espèces de canard.
  • Plusieurs espèces en situation précaire trouvent refuge dans la Grande tourbière de la Jacques-Cartier, dont la listère du Sud (désignée menacée au Québec, l’hirondelle de rivage (désignée menacée au Canada) ainsi que la couleuvre verte et la chauve-souris cendrée (susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables au Québec).
  • Le terrain nouvellement protégé par CNC s’ajoute à une centaine d’hectares qu’il a déjà contribué à conserver dans ce secteur. Au total, près de 60% de la tourbière est maintenant protégée.
  • La tourbière du Lac-à-la-Tortue, en Mauricie, est une autre grande tourbière protégée en partie par CNC et où travaille l’équipe de l’UQAM.

Merci aux partenaires financiers qui ont permis d’obtenir ce succès de conservation :

ECCC Nature-Action Québec    Intact logo  Gouvernement du Québec  U.S. Fish and Wildlife Service NAWCA

Les recherches menées à la Grande tourbière de la Jacques-Cartier ont reçu un soutien financier du gouvernement du Québec dans le cadre du Plan pour une économie verte 2030.

Plan for a Green Economy

Le projet de conservation de la Grande tourbière de la Jacques-Cartier s’inscrit dans l’Initiative québécoise Corridors écologiques (IQCÉ) lancée par Conservation de la nature Canada et menée par 10 organismes et leurs nombreux partenaires. L’IQCÉ propose une approche collective de l’aménagement du territoire afin d’accélérer la conservation de milieux naturels connectés par des corridors écologiques dans le sud du Québec.

Corridors écologiques

Un merci tout spécial à Gabriel Magnan, Michelle Garneau, Reno Bouchard et Léonie Perrier de l’UQAM pour leur partage de connaissances dans le cadre de ce projet.

Pleins feux sur nos partenaires

Petits Gestes de Conservation - Participez et gagnez!